À l’occasion de la parution de notre numéro sur la gentrification, on a décidé d’établir la playlist idéale du principal suspect de « l’embourgeoisement urbain ».
À l’occasion de la parution de notre numéro « Hipsters sur la ville » sur la gentrification, on a décidé d’établir la playlist du principal suspect de l’embourgeoisement urbain : le hipster. Née dans les années 40 aux États-Unis pour désigner les fans de jazz et de be-bop, l’appellation a traversé les époques pour désigner aujourd’hui une tribu urbaine dont l’identité semble tellement abstraite qu’elle n’existe principalement que dans les fantasmes et les crispations des personnes qui pensent l’observer. Ironie du sort : le hipster est devenu une banalité en beaucoup moins de temps qu’il n’en faut pour se laisser pousser une barbe de Amish.
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En dehors de l’ostentation d’un système pileux incompatible avec toute velléité de carrière à la BNP, les signes distinctifs qui précèdent l’une des sentences sociétales les plus définitives de l’époque englobent des passions et des affects qui n’ont finalement rien à voir avec la contre-culture : un goût affirmé pour Berlin, la photo, l’ironie vestimentaire, le yoga bikram, la jeunesse de Jacques Chirac, Apple (mais ça fait chier l’obsolescence programmée), Wes Anderson, le marché Jean-Talon de Montréal, Morrissey, les burgers bio, Bukowski, le Club Maté… En gros, des centres d’intérêt qui peuvent concerner environ 95% des utilisateurs de la partie nord de la ligne 5 du métro parisien un soir de Pitchfork Festival. Et 50% dès le lendemain.
Bouc-émissaire culturel le plus brocardé des années 2010, le hipster peut se définir de mille façons et sa playlist idéale n’existe pas plus que son unicité. Certains mecs et filles que l’on désigne de la sorte ne jurent que par Mac DeMarco, d’autres pleurent encore la mort d’Aaliyah et les plus fous vont courir acheter l’album de Salut C’est Cool en juin prochain. Avec le temps, hipster est devenu le nom à interprétation plurielle du connard que chacun d’entre nous prend plaisir à incarner dans l’un ou l’autre des stéréotypes précités. Si vous les cumulez tous, vous êtes fin prêts pour tirer la gueule sur votre balcon en écoutant la trentaine de morceaux distribués dans la playlist d’avant-garde/mainstream qui arrive, mais qui n’existe pas.
TRACKLIST
– Waxahatche Air
– Rif Raff Tip Toe Wing In My Jawwdinz
– Pond Man it feels like space again
– Sevdaliza That other girl
– Jamie xx Gosh
– Majo Lazer & Dj Snake Lean on
– Only Real Yesterday
– Action Bronson feat Chance the Rapper Baby blue
– Tame Impala Cause I’m a man
– U.S Girls Damn that valley
– Drake Energy
– ILoveMakonnen Whip it
– Jam City Unhappy
– The Fat White Family I am Mark E Smith
– Tinashe All hands on deck
– Girlpool Chinatown
– Junktion The great unknown
– Vietcong Continental shelf
– The Districts 4th and roebeling
– Aphex Twin DISKPREPT1
– Paradis Christine (Christine & The Queens remix)
– Salut C’est Cool Techno toujours pareil
– Grand Blanc Degré Zéro
– Shamir Call it off
– Earl Sweatshirt Grief
– Death Grips On Gp
– Sufjan Stevens Should have known better
– Grimes Realiti
– Chromatics I can never see myself when you’re around
– Young Thug & Rich Homie Quan Givenchy
– Flavien Berger Océan Rouge
– Django Django First light
– Godspeed You! Black Emperor Peasantry or ‘Light! Inside of Light!’
– Chirac pour Paris Pour que Paris
Par Azzedine Fall
Notre numéro « Hipsters sur la ville » sera disponible en kiosque dès demain, mercredi 22 avril. Et il est déjà sur notre boutique en ligne.
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