Le huitième album du Nantais est un coup d’éclat où il revisite vingt ans plus tard l’electronica ascétique de La Fossette. En retrouvant par moments les mêmes fulgurances vocales tremblées.
De façon paradoxale, car sans avoir eu à hausser la voix, à jouer de l’ego ou à imposer le moindre caprice à son entourage, Dominique A est devenu une diva. C’est-à-dire qu’il n’est plus seulement un chant, reconnaissable entre tous, mais aussi l’incarnation de celui-ci ; un corps robuste, glabre, bien qu’étonnamment empreint de féminité, maîtrisant à la perfection l’art de subjuguer son auditoire, de le combler dans toutes ses quêtes, esthétiques, spirituelles ou autres, sans rien amputer du mystère qui l’entoure. Transposer cette théâtralité vocale sur ses disques a certainement été l’une de ses principales et constantes préoccupations depuis ses débuts.
Et jamais il n’y sera aussi bien parvenu qu’avec ce huitième épisode d’une série entamée en 1992 avec La Fossette. C’est d’ailleurs dans des conditions analogues à celles qui accompagnèrent la réalisation de ce premier opus – chez lui, entouré de quelques claviers – que fut enregistré La Musique. Son titre sonne comme un absolu et un impératif moral. Ses chansons,belles, lisses et touchantes, émergent comme des Vénus d’un bain de chrome. Avec ce soupçon d’innocence qu’insinuent les instruments électroniques d’antan (il cite Orchestral Manoeuvres in the Dark et Suicide comme influences), il parvient à une limpidité jamais atteinte. Et sur Le Sens, fait merveille avec économie de mots et d’émotions. Sous le frêle glacis des synthés, sa voix devient un rappel à l’homme, ses paroles, une confession. Mieux : une mise à nu. Résolument cold wave, l’album s’engage alors avec bonheur, et sans y penser, dans d’étonnants raccourcis. Je suis parti avec toi sera cette rencontre inespérée entre le Gainsbourg de Ces petits riens et Nine Inch Nails. Alors pourquoi pas une chanson à boire (Hasta que el cuerpo aguante) ? Ou un baiser d’Immortels façon vampire ? Pourquoi pas un requiem brumeux et froid pour Garçons perdus ? “La musique peut nous sauver” : c’est ainsi que Dominique A débutait voici quelques années sa première chronique dans le mensuel du TGV. Dieu merci, La Musique peut aussi nous perdre.
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