Jeune festival, La Mousson d’été intervient à ce moment précis où le travail d’écriture s’achève en désir de représentation.
Il n’y a pas de progrès en art. Juste une affaire de création. Les monstres que sont Shakespeare, Brecht ou Pasolini sont là, hors du temps, matière toujours vivante. Dès lors, écrire aujourd’hui revient à perpétuer une prise de parole volontaire, une incursion du sujet dans la matière du réel. Les rencontres de La Mousson d’été interviennent à ce moment précis où le travail d’écriture s’achève en un désir de représentation. Où la parole demande à être dite.
C’est un « jeune » festival. Depuis trois ans, il déchire le silence de l’abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson à coups de lectures, de stages, de cabarets et de spectacles confiés à des auteurs, des acteurs et des créateurs de cultures, de langues, d’histoires différentes. Le metteur en scène Michel Didym en assure cette fois-ci la direction et met l’accent sur l’Amérique latine, l’écriture de Bernard-Marie Koltès, les rapports inconstants entre le théâtre et le réel. Les voix sont multiples et ses formes diverses.
Des confessions écrites d’Uruguay, du Pérou, du Chili, du Paraguay et de France ont abouti au spectacle La Confession, prévu pour vingt-quatre spectateurs. Un par aveu. Vingt-quatre par jour. Les heures s’égrènent sous le murmure des mots. Les visiteurs sont également soumis à la question par l’intermédiaire de Jacques Rebotier, papiers pliés, déposés dans une boîte et injectés chaque soir dans son spectacle Le Théâtre des questions. Pied de nez ou révérence devant Le Livre des questions d’Edmond Jabès ? Allez savoir. Mais on reconnaît bien là les façons drolatiques de ce bricoleur langagier encore tout ébaubi devant la course éperdue d’un vieux rabbin, aperçu autrefois dans les rues de Prague et « courant en tous sens avec un air dément et criant « J’ai des réponses ! J’ai des réponses ! Qui a des questions ? »
D’autres se contentent d’envoyer des nouvelles du monde : un télégramme quotidien d’Olivier Py accompagne les déjeuners. Ses impressions sur l’état du monde en guise de digestif ? Ou comme une mise en bouche pour le coup de gueule en direct de Jean-Louis Hourdin, le plus énervé des auteurs en présence ? Vingt ans après Ça respire encore, il écrit pour La Mousson d’été Ça respire toujours et balance en guise de préambule : « J’ai envie de gueuler. On veut nous faire croire à la fin des idéologies, de l’Histoire. On se demande ce qu’on fout là ! Mais l’acteur est comme une chair protestataire qui se dresse. Le malheur, la violence, c’est notre fonds de commerce. »
En écho, Malcolm X, derniers discours, écrit, mis en scène avec Patrick Pineau et interprété par Mohamed Rouabhi, accumule les matériaux : un film de Brian De Palma inédit, de douze minutes, entre en résonance avec un texte de Mahmoud Darwich et le dernier discours de Malcolm X. Un spectacle-montage mixé aux bruits du monde par un rapper, un DJ et un scratcher.
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