Il faudra définitivement balayer la mythologie d’un Dominique A. autiste, chanteur sans poumons accompagnés de synthés faméliques et de guitares mineures. Pas de Retour de la Fossette à espérer, donc. Aujourd’hui, Dominique A. plonge sans regret dans le grand bassin de la chanson, ouvertement prêt à se conformer à un schéma plus conventionnel, « une espèce […]
Il faudra définitivement balayer la mythologie d’un Dominique A. autiste, chanteur sans poumons accompagnés de synthés faméliques et de guitares mineures. Pas de Retour de la Fossette à espérer, donc. Aujourd’hui, Dominique A. plonge sans regret dans le grand bassin de la chanson, ouvertement prêt à se conformer à un schéma plus conventionnel, « une espèce de carrière » qui ne l’effraie guère. Il a d’ailleurs été aperçu, il y a quelques semaines, face à un public composé en majorité de sexagénaires sceptiques, vénérant exclusivement les voix d’or qui hypnotisaient les foules (« Brel, Piaf : ça, jeune homme, c’étaient des chanteurs. ») Il ne leur a pourtant pas fallu longtemps pour succomber à sa voix haut perchée, au toujours admirable Courage des oiseaux et à sa relecture de Chiqué, chiqué. « Me produire dans un lieu hors du circuit rock est évidemment une façon de toucher d’autres gens. Ça m’amuse d’autant plus qu’il me semble avoir dorénavant un répertoire plus accessible. Une éventuelle froideur de la part d’un public qui ne me connaît pas me force à donner le meilleur de moi-même. Et si les gens qui m’ont aimé au moment de La Fossette se détachent de moi, ça ne me tracasse pas. L’important est de ne pas avoir de doutes sur ce que je fais. »
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Sur scène, le néo-Bruxellois satisfera en partie ses premiers compagnons de chambrée en ravivant en solo ou en duo quelques-uns des titres de ses deux précédents albums. Mais c’est au sein d’un quatuor franco-belge qu’il présentera La Mémoire neuve (sortie début mai) et dévoilera les récents fruits de sa maturation. Récemment vus en répétition à Bruxelles, les musiciens hésitent d’abord à s’inviter chez lui, intimidés par des chansons devant lesquelles ils hésitent : peut-on entrer en baskets ou faut-il chausser des patins ? Leur discret meneur réussit progressivement à les attirer à l’intérieur et à les rassurer. Son rock est toujours économe, mais la mise en scène musicale plus ample, l’atmosphère plus détendue. Ses histoires singulières s’aventurent désormais bien au-delà de la chambre cocon. Et sa voix flûtée, surtout, n’a plus peur de son ombre. Dominique A., hier gentil trois fois rien, dorénavant détenteur d’un séduisant brelan de talent : auteur, compositeur, interprète.
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