La pop majestueuse d’un proche
de Beirut et Arcade Fire. Critique et écoute.
L’album est mixé par Eno. Qu’il s’appelle Jim Eno (du groupe Spoon) ne change rien à l’affaire. Cette pop a beau simuler le train pittoresque dans une jungle instrumentale aussi ravissante que taillée au cordeau, il lui arrive de dérailler et de s’engouffrer dans des désordres et espaces étonnants.
Bright Moments est le nom de guerre de Kelly Pratt. Les maniaques des lectures assidues de pochettes d’albums, ce plaisir contrarié par le MP3, l’ont déjà repéré dans l’ombre d’Arcade Fire, Beirut ou LCD Soundsystem. C’est dire s’il connaît quelques chemins de traverse pour fuir toute routine pop.
Mais visiblement, même généreux avec les autres (les trompettes de Beirut !), il a gardé pour son compte, dans la solitude de son appartement new-yorkais, quelques-unes de ces idées les plus tourneboulantes, comme cet incroyable Travelling Light qui démarre la raie de côté pour finir avec des fleurs et des oiseaux dans la tignasse. Ou encore Drifters, dont toute la majesté peine à dissimuler de sombres desseins.
La plupart des titres des chansons évoquent le départ, le mouvement. C’est le fantasme de cette pop de chambre qui, sans répit, fugue et divague. Merveilleux.