A l’occasion de la sortie de leur deuxième album éponyme, insolent de légèreté et de grâce mélodique, les Libertines créent l’événement sur lesinrocks.com avec le clip de leur excellent single Can’t stand me now et trois titres en écoute.
Comme un mauvais show de télé-réalité, une Star Academy sans ses décors clinquants et aseptisés, les aventures de Carl Barat et Pete Doherty, les deux leaders des Libertines, peuvent être suivis au jour le jour, presque heure par heure. Avec son lot de faits divers sordides, de faits d’armes glorieux, de séparations – suivi d’inévitables réparations -, les déambulations accidentées de ces frères-ennemis n’en finissent plus de faire la unes de tout ce que la planète contient de canard musicale.
Aujourd’hui encore, ce masse folle d’informations, parfois contradictoires, donne à l’Angleterre ce sentiment étrange de faire partie du groupe, d’être un Libertines. Il faudrait au moins remonter aux aventures américaines des Guns’n’Roses en 86-87 (arrestation ? split – drogue, le cocktail magique) pour retrouver cette effervescence incompréhensible et ce voyeurisme malsain.
Quoiqu’il en soit, pour un groupe à ce point ancré dans le présent (« no future« ), la chose musicale aurait bien pu passer à la trappe. A l’heure où l’on ne sait guère si cette tête brûlée de Pete Doherty fait encore partie du groupe, l’arrivée de ce deuxième album, sobrement éponyme, est par conséquent presque un miracle.
Un miracle, de part son existence (les conditions d’enregistrements ont paraît-il été apocalyptiques), mais surtout par son contenu, quatorze titres d’un rock’n’roll racé, enregistrés en grande partie live. Une nouvelle fois, Mick Jones, l’ancien guitariste des Clash, est aux manettes et plus encore que sur Up The Bracket, cela s’entend : pas de « gros son » comme chez leurs collègues néo-rock, pas d’effets de studio envahissants et surtout pas de tricherie.
Ce que l’on entend sur The Libertines, c’est un groupe comme on rêve d’entendre ; un groupe qui privilégie un ton franc et naturel, et qui n’a pas peur d’avoir quelques ratures sur sa copie. Un groupe qui vit, tout simplement. Et ce n’est pas les chansons, balancées brute de décoffrage, qui diront le contraire.
Entre les punk-songs jouées pied au plancher (Arbeit macht frei, The Saga), les tubes rock (Can’t stand me now, What becomes of the likely lads, Campaign of Hate), les ballades finement exécutés (Music When the lights go out), quelques rockab étonnants (Last post on the buggle, Narcissists) et diverses pop-songs aux dénouements singuliers (The Man who would be king, Road to ruin), The Libertines s’impose comme une sacrée avancée par rapport à son prédécesseur.
Si l’actualité extra-musicale du groupe ne nous criait pas l’exact contraire, on parlerait ici de l’album de la maturité. Dans tous les cas, avec cet album bouillonnant, qui louvoie quelque part entre les Kinks et les Clash – ces maîtres à penser d’une écriture qui ne s’embarrasse plus ni des courants ni des modes ? l’Angleterre est en en train d’écrire un nouveau grand chapitre de son histoire musicale.
En attendant de découvrir le groupe sur scène ? avec ou sans Pete Doherty ? le 14 septembre à La Boule Noire puis le 5 novembre à La Cigale pour le festival des Inrocks (avec The Black Keys et Rhesus), lesinrocks.com vous propose de découvrir le clip du single Can’t stand me now en vidéo et, en écoute, The Man who would be king, Can’t stand me now et la face B de ce même single, Cyclops.
Avec l’aimable autorisation de Pias et Rough Trade