Après une histoire chargée et des années de décrépitude, le théâtre du centre de Paris renaît enfin.
Offenbach y a connu la consécration, les ballets russes de Serge Diaghilev s’y sont installés, Luis Mariano y a chanté, Bob Wilson et Sylvia Montfort y ont monté des pièces… Le théâtre de la Gaîté Lyrique à Paris a définitivement connu de très belles heures, avant de sombrer lentement dans la décrépitude – certains riverains affirment y avoir vu des éléphants sur son toit quand le cirque Gruss occupait les lieux… –, jusqu’à ne même plus figurer, récemment, sur les plans de Paris.
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Créée rue du Temple à la fin du 18è siècle et reconstruite en 1862 rue Papin, son emplacement actuel, la salle a connu son nadir à la fin des années 80, avec l’utopique projet de la Planète magique, “vision” du créateur des dessins animés Ulysse 31 et les Mystérieuses Cités d’or Jean Chalopin. Il avait alors imaginé transformer le théâtre à l’italienne en parc d’attractions. Le projet nécessita quelques deux ans de travaux (et de démolitions) et un budget de plus de 200 millions de francs, pour un résultat terrible : le parc ayant été ouvert à la hâte, ses attractions ne fonctionnaient pas, les décors de carton pâte faisaient très cheap, la sécurité était limite… Il resta ouvert douze jours avant d’être déclaré en faillite, puis réouvrit six mois en novembre 1990 avant de fermer définitivement et de moisir jusqu’en 2001.
La Ville de Paris prend alors les choses en main et décide de faire du théâtre un pole culturel destiné aux arts numériques et musiques actuelles, ouvert au public et aux artistes. Des animations culturelles temporaires sont organisées entre octobre 2002 et avril 2004, alors que le comité de pilotage de l’opération, sous la présidence de l’adjoint au maire chargé de la culture Christophe Girard réfléchit à l’avenir du bâtiment et lance un appel d’offre pour sa maîtrise d’œuvre. Celui-ci est remporté par l’architecte Manuelle Gautrand et son équipe qui doivent, en plus de la restauration, se préoccuper de l’acoustique et du bien-être des quelques 200 riverains du lieu.
Aujourd’hui, la Gaîté Lyrique renaît doucement. Un trou béant remplace les attractions. Les travaux, s’élevant à 78,6 millions d’euros financés par la Ville de Paris avec le soutien de la région Ile de France, seront terminés fin 2009 et la Gaîté ouvrira enfin ses portes au printemps 2010. Le projet mené par Jérôme Delormas (directeur général), Patrick Selnick (PDG de Naïve, président du conseil d’administration du théâtre) et Steven Hearn (spécialiste de l’ingénierie culturelle) prévoit la construction d’une salle de spectacle, d’une salle de conférence, d’une galerie d’exposition, d’une médiathèque et d’espaces de création. Expositions, spectacles vivants, œuvres numériques, résidences d’artistes, conférences, projections et concerts donneront enfin vie à un lieu qui d’après Patrick Selnick sera “non pas technique mais chaleureux.”
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