Le groupe de Kevin Parker s’apprête à sortir un nouvel EP live en vue du Record Store Day, et a multiplié récemment les collaborations et les reprises inattendues : les Australiens continuent d’imposer leur style et d’étendre leur influence.
Récemment, le groupe de rock psychédélique Tame Impala a multiplié les collaborations et les sorties diverses. Même si aucun album ne semble se dessiner à l’horizon, les Australiens semblent aujourd’hui se situer à une période charnière, et jouissent d’une influence et d’une liberté grandissantes.
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Le groupe a en effet récemment figuré sur la Bande Originale du film Divergente pour une chanson en featuring avec Kendrick Lamar, et Kevin Parker (chanteur et guitariste du groupe) a publié une reprise de Michael Jackson sur son SoundCloud qui a fait parler d’elle. Enfin, le groupe s’apprête à sortir un EP live à l’occasion du Record Store Day le 19 avril prochain, et le traitement qu’il réserve à ses propres morceaux se déleste des contraintes formelles qu’il s’était lui-même imposées jusqu’ici.
Une identité sonore forte
Le groupe originaire de Perth possède aujourd’hui une patte et un son immédiatement identifiables : guitares gorgées de flanger, voix double-pitchée à la John Lennon, émanations psychédéliques et diaphanes – le style Tame Impala s’impose de lui-même. Il est d’ailleurs amusant de voir que le groupe s’est, depuis le début de sa carrière, évertué à reprendre des morceaux d’autres artistes et à se les réapproprier de manière prégnante : du Remember Me de Blueboy au Stranger in Moscow de Michael Jackson en passant par les relectures de Midnight Juggernauts et Outkast, tous ces morceaux s’en trouvent transfigurés sous la patte du démiurge Parker (qui compose, écrit et enregistre la quasi-totalité de la musique du groupe). Cela en dit autant sur le caractère presque vampirique du son de Tame Impala que sur sa propension à user des mêmes procédés.
Mais si Tame Impala partage avec certains de ses contemporains le même creuset psychédélique (on pense notamment à Toy, Allah-Las, ou bien Temples), il se démarque du tout-venant revivaliste et échappe aux écueils copistes auxquels sa musique pourrait d’abord faire penser. Il n’y a qu’à écouter le traitement qu’il réserve à Be Above It, à paraître sur l’EP Live Versions le 19 avril prochain. A l’origine pas forcément la chanson la plus forte de l’album Lonerism, elle s’en trouve pourtant magnifiée en live, s’étirant sur plus de sept minutes flottantes et répétitives : sa puissance, accentuée, bascule à mi-parcours dans une épopée ondoyante et hypnotique à la The Field, et atteint du même coup des hauteurs vertigineuses. Ces ambitions et ces fantaisies formelles sont en fait présentes depuis le début chez le groupe (Kevin Parker se revendique autant de Air que de Cream, par exemple), mais il est particulièrement réjouissant de les voir s’affirmer et se réaliser ainsi sous nos yeux.
Une assurance qui se déploie sur la durée
La personnalité ainsi que les prestations scéniques de Kevin Parker vont d’ailleurs de pair avec cette évolution de style. Au début plutôt hésitant, le groupe est aujourd’hui plus assuré dans ses intentions (au moment de la sortie de Lonerism en 2012, le leader de Tame Impala citait pêle-mêle Todd Rundgren et Britney Spears au rayon des influences). Autrefois outsider scénique, aujourd’hui vraie machine de festivals (la tournée estivale de 2013 a d’ailleurs été un triomphe à ce niveau), le groupe de Kevin Parker semble aujourd’hui en pleine possession de ses moyens, désinhibé et se permettant de douces extravagances (comme de déclarer que le format album ne l’intéresse plus, par exemple).
Tame Impala semble aujourd’hui étendre son influence (Kevin Parker a produit le premier album de Melody’s Echo Chamber et mixé l’EP de Moodoïd), et de plus en plus d’artistes aux univers variés louent le son du groupe de Perth (le rappeur Tyler The Creator d’Odd Future dit de Tame Impala qu’il est l’un de ses groupes favoris), qui ne se limite plus qu’aux seules sphères indie et initiées auxquelles ses sonorités sixties et psychédéliques renvoient de prime abord. Avec les publications successives de l’EP et des reprises inattendues, de l’assurance dont il semble se parer aujourd’hui et de la reconnaissance de ses pairs qu’il suscite, le futur de Tame Impala s’annonce radieux, passionnant et intriguant.
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