Visite toujours jouissive des marottes de Kurt Cobain.
On a toujours connu Kurt Cobain en grand frère éclairé, en passeur insatiable de sons, s’excitant avec fièvre sur des micro-groupes écossais quand tout le reste semblait l’avoir déjà lassé, usé, laminé. Véritable éponge de sons, toujours à la recherche d’une guitare de traviolle à réhabiliter, il a du haut de son piédestal inconfortable ainsi sorti de l’anonymat des dizaines de groupes franchement indés, par passion sincère plus que par besoin de se racheter sur leur dos une crédibilité stupidement entachée par le triomphe mondial. On se souvient ainsi de son top 50, largement republié après sa mort, où l’indie-pop écossaise, le blues préhistorique ou le punk-rock le plus radical scellaient son allégeance à la marge. Basé sur des dizaines d’heures d’entretien avec Cobain, le film de Michael Azerra Kurt Cobain – About A Son ne pouvait taire ce militantisme pour les oubliés, les laissés pour compte. Même si cette BO oublie (probalement pour des raisons contractuelles) quelques marottes du blondinet – Pixies ou les punks anglais –, elle reflète avec acuité sa passion panoramique pour un songwriting excédé et maltraité, mais bizarrement pop dans sa rage et son dénuement. D’Iggy Pop aux Vaselines, de Creedence aux Bad Brains, d’Arlo Guthrie aux Butthole Surfers, toutes ces chansons peuvent ainsi se chanter sous la douche – même glacée. Toutes possèdent, en amont ou en aval, un lien de sang, intouchable : elles sont punk, ce que Kurt Cobain restera aussi longtemps que possible, aussi loin que vivable. “Il était le premier punk”, confirma d’ailleur Cobain en parlant de l’antique Leadbelly, lui aussi présent dans ce Panthéon décousu.
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