Terrifiant et réjouissant, un album qui possède l’étrange mélancolie des autotamponneuses. Critique et écoute.
Les premiers coups de lame avaient fini par scier tout le monde. Goodbye, avec sa résolution par le haut de l’ingrate équation world, trouve ici une suite encore plus soufflante – et plus clivante. L’Ouverture propulse Vangelis aux frontières de l’electronic dance music avant de se révéler faux départ. Le programme est annoncé : bifurcations virtuoses et puissance physique, au menu d’un projet très réfléchi mais auquel on aurait retiré le cerveau in extremis pour une efficacité maximale. On voit alors des compositions délicates se transformer en rouleaux compresseurs et une pièce de choix comme Driving My Own Condor… orchestrer la rencontre entre le Dylan des seventies, Tao des Mystérieuses Cités d’or et un Bob Ezrin prog-rock.
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Benidorm Dream est à la fois complexe et décomplexé, mais au milieu de ces deux pôles flippants (le pôle singe et le pôle savant) se love une écriture pop évidente, brillante comme un néon dans la nuit, implacable comme un piège. Car un certain bon goût voudrait nous interdire d’aimer ce philtre baléarique emballant. Autant dire qu’il n’en acquiert que plus de saveur encore, comme ces friandises que gamins on nous refusait, ou l’ivresse des premiers cocktails improvisés. Si cet album conceptuel (autour de la ville de soleil et de béton qui lui donne son titre) brasse le rétro et le futurisme, il est surtout le disque le plus précisément contemporain qu’il nous soit donné d’écouter actuellement. On en recommande l’écoute au casque en allant acheter des conserves au Carrefour Market du coin : son pouvoir d’enchantement du réel s’adapte à toute la laideur du monde. Koudlam y entrechoque les idées de tourisme de masse et de chute des civilisations pour trouver, malgré tout, la grâce. Encore plus belle avec sa gueule cabossée.
concert le 13 mars à Paris (Le Trianon)
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