Le roi des snobs découvre la culture populaire sans se baisser. Un album tête à claques et risible. On a toujours tabassé, à l’école, son Elvis Costello : mi-cul-terreux, mi-cultureux, il était l’irrécupérable donneur de leçons, le raseur de service. Un boulet, qui gesticulait lamentablement ses mots vaniteux pour obtenir l’attention que son charisme de […]
Le roi des snobs découvre la culture populaire sans se baisser. Un album tête à claques et risible.
On a toujours tabassé, à l’école, son Elvis Costello : mi-cul-terreux, mi-cultureux, il était l’irrécupérable donneur de leçons, le raseur de service. Un boulet, qui gesticulait lamentablement ses mots vaniteux pour obtenir l’attention que son charisme de fonctionnaire lui interdisait de naissance. Les rodomontades pour compenser une absence d’idées mais un embouteillage de certitudes et de fumisteries : l’arme absolue de tous les Costello du monde. Les Australiens ont un mot formidable pour décrire les gens comme lui : Snag. Soit : Sensible New Age Guy, une casserole aussi insupportable à traîner que sa cousine américaine culturally correct ou que notre bien pensant d’ici. En gros, un insupportable délégué de classe, as de la rhétorique épuisante, de la formule consensuelle et commode, de l’étouffement du fond par la forme. Plus le Snag étale son intelligence cartésienne, plus on a envie de prendre les armes, de roter à table, de péter à la messe le Snag réveille la brute primitive que notre éducation a hypnotisée.
En tabassant nos Elvis sous les préaux, on a sans doute sauvé la France de disques aussi nauséabonds que Kojac variety. Imaginez François Hollande reprenant Fréhel, Bourvil et Dutronc, et vous aurez une idée assez précise de l’insupportable album que vient d’oser le plus fameux et prétentieux fayot de la galaxie. Il faut en effet un sacré toupet pour sauter sans hésiter de l’inéfable Brodsky Quartet - souvenez-vous, les violoncelles et les perfectos, les idées rabougries et le discours pompeux - à cette compilation de chansons populaires qui ne méritaient franchement pas un tel endimanchement. En plus indécent, on ne voit guère que Balladur rotant après un litre de Castelvin et jurant que la vie, Bon Dieu de merde, c’est ça. Elvis Costello, en faisant copain-copain avec de vilains rockabillies de fête foraine ou en réussissant l’exploit de rendre académiques des chansons des Kinks ou de Randy Newman, fait irrémediablement penser à ces ridicules petits colons anglais qui polluèrent le monde au xixème siècle, moustiques franchement agaçants de toutes les civilisations, ethnologues improvisés sur place, chaussettes blanches et bon coup de soleil. Plus Costello chante juste voix difficilement supportable à force de labeur,de frime technique , plus il sonne faux. Son « je vous ai compris » bêlé depuis sa minitour d’ivoire confirme une fois encore la gigantesque imposture que constitue ce chanteur de salon qui, sous une réputation usurpée de chroniqueur de l’Angleterre, n’est en réalité qu’un vendeur de cartes postales, abusant des touristes naïfs perdus en musique. Le mois prochain, Costello aime le foot, la baise et les Ford Escort. Cool.
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