Compte rendu de deux soirées passées aux Volcaniques de Mars dans le Puy de Dôme en compagnie des anglais hirsutes de Klaxons et du duo français Cocoon.
Pour le touriste avide de sensations fortes, l’Auvergne recèle son lot de réjouissances : les volcans, le fromage, VGE Mais au-delà de tous les clichés que le parisien moyen a en tête concernant cette magnifique région, l’Auvergne possède, à l’instar de la capitale française, son propre festival. Les Volcaniques de Mars se déroulent -comme leur nom l’indique- en mars, et accueillent pendant une semaine une pléiade de groupes régionaux, nationaux et internationaux dans plusieurs villes de la région. Après Louis XIV, Alec Empire et The Young Gods l’année dernière, c’est cette fois-ci au tour des incontournables Klaxons et des lauréats du CQFD 2007 Cocoon de participer aux festivités.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Détour rafraîchissant par la neuvième édition du festival auvergnat.
Vendredi 16 mars
Les Volcaniques de Mars ont débuté quelques jours auparavant. John Cale et 2 Many Dj’s, entre autres, s’y sont déjà succédés. Cette fois, c’est au tour des Klaxons de s’emparer pour un soir de la scène de la Coopérative de Mai.
« Jouer en dehors de Londres est toujours très excitant. Les trois derniers concerts que nous avons donné en France étaient incroyables, probablement les meilleurs que nous avons fait d’ailleurs… » lance paisiblement Simon Taylor-Davis, guitariste chevelu des Klaxons. On veut bien le croire. Le concert parisien des petits Anglais férus d’expériences capillaires douteuses -Simon semble avoir un animal mort sur la tête- quelques jours auparavant à fait des émules chez les moins de 15 ans présents en masse ce soir là.
« C’est très bien que des jeunes nous aiment. C’est un honneur » Un honneur qui rapporte forcément.
Tous les derniers concerts des mignons Pouët Pouët se sont déroulés à guichets fermés.
« Avoir du succès en Angleterre est une chose, remplir des salles dans d’autres pays en est une autre » déclare Simon, impassible. Rationnels les Klaxons ? Assurément. Cet été, les quatre complices vont vraisemblablement faire le casse de l’année dans les plus gros festivals internationaux. Le hold-up du siècle devrait quant à lui être réalisé lors du concert Klaxons/Justice/Daft Punk le 14 juin prochain. « Ca va être énorme » nous confie Simon, brusquement survolté. « Jamie (Reynolds, chant/basse) et James (Righton, chant/sythé) sont de très gros fans de Daft Punk. Nous sommes très impatients. »
En attendant, les nouveaux chéris de l’Angleterre se contentent de faire danser frénétiquement les jeunes européens. Dans quelques heures, Clermont-Ferrand essuiera la tempête Klaxons, se jetant allègrement dans l’œil du cyclone. « J’ai eu le temps d’aller faire un petit tour tout à l’heure. C’est très joli comme ville » déclare Simon. Entre deux bouffées de cigarette, le jeune homme de 23 ans avoue pourtant avoir quelques difficultés à supporter le rythme de la tournée. « J’ai l’impression que mon corps va se disloquer. Heureusement qu’il y a le vin français pour m aider à tenir debout ! » plaisante-t-il, avachi dans son gros fauteuil. Fasciné par la gastronomie française, Simon s’extasie devant l’accueil réservé aux groupes en France. « Quand tu joues en Angleterre, dans les loges, ils ne te mettent que quelques bières et des chips. En Europe, ils t emmènent au restaurant et il y a du poisson, mec ! ». Poisson ou pas, il est grand temps pour les héros du moment d’aller manger et de monter sur scène.
Après une première partie-défilé de mode dignement assurée par les (très) jeunes Twisted Charm, les Klaxons entrent en scène, portant triomphalement les imposantes figurines Michelin achetées dans l’après-midi. Joli coup, le public les adopte promptement. S’en suit une série de tubes imparables. Bien sûr, les Klaxons assurent, mais la claque tant attendue tarde à venir. Et ceux qui semblaient si inoffensifs deux heures plus tôt se transforment en jeunes garçons légèrement aigris lorsqu’un apprenti-Klaxons parvient à déjouer les barrages de la sécurité, s’emparant du micro de Jamie Reynolds, avant de se faire violemment jeter dehors. « Bien fait sale connard ! » balance le chanteur, furieux. On ne rigole pas chez les Klaxons.
Le set, trop carré, peine à décoller, et seul James Righton, joli blondinet au sourire narquois, paraît déchaîné. Gravity s Rainbow sauve un peu la mise avec ses « wouh wahou ». Le public, paré, comme il se doit, de bracelets fluos, ne se soucie guère des régulières baisses de régime des quatre Anglais, et semble apprécier le timide spectacle.
Quarante minutes de show plus tard, les Klaxons quittent la scène de la Coopé aussi vite qu’ils l’avaient investie. Les râleurs ne se font pas prier, et on entend déjà les premiers « quarante minutes, c’est abusé? » monter dans une salle amère, laissée sur sa faim.
Samedi 17 mars
Au lendemain d’une soirée un peu décevante, nous nous dirigeons vers Riom pour assister au concert des clermontois de Cocoon. Coïncidence, la salle qui les accueillera ce soir est aussi celle qui les a vu débuter il y a plus d’un an. « On boucle la boucle en quelque sorte » affirme Mark Daumail, moitié masculine de Cocoon.
Ravis de participer aux Volcaniques de Mars, les deux amis émettent quand même quelques petites réserves. « Ce qui est dommage pour nous, c’est d’être encore une fois programmés avec des groupes qui ne font pas forcément la même chose que nous. Ca devient frustrant de jouer toujours en premier parce que nos chansons sont calmes. J’aimerais vraiment que les programmateurs se mouillent un peu, et organisent enfin de vraies soirées folk » poursuit Mark. Et quand on leur parle de « scène clermontoise », le duo s’irrite : « Nous détestons l’appellation scène clermontoise ! Il faut arrêter de mettre Cocoon, les Elderberries, les Kissinmas, Quidam et d’autres dans le même panier sous pretexte que nous sommes de la même région. Nous ne faisons pas du tout la même chose. »
Les jeunes lauréats du CQFD ?« une très bonne carte de visite » nous dira le jeune homme à propos du concours-, attendent patiemment leur envol sur la scène nationale. « Notre prochain EP, From Panda Mountains, sort le 16 avril, et l’album devrait voir le jour à l’automne » confirme Morgane Imbeaud, 19 printemps, avant de disparaître dans les loges pour se préparer. Sur la scène de la petite salle riomoise, le ravissant duo prend vite ses marques, et l’intimité du set révèle rapidement ses bons côtés. Pas de foule survoltée, mais un public attentif. Tell Me, morceau phare de Cocoon, saisit par sa sincérité. Humming Birds, charmante comptine champêtre, et Seesaw, douce balade désespérée, captivent.
« La prochaine chanson s’appelle Oklahoma. C’est un hommage à un artiste que l’on aime beaucoup, Sufjan Stevens » prévient Mark. Effectivement, l’influence du songwriter américain est bien palpable, flagrante par moment. Avant de conclure par le traditionnel Chupee –« notre chanson Club Med » comme disent souvent les deux complices-, Cocoon profite de l’occasion pour présenter un nouveau titre jazzy surprenant, Vultures. Agile et léger, le folk des Clermontois séduit et ensorcèle. Rendez-vous le 28 mars à la Flèche d’Or pour une nouvelle soirée étoilée et aérienne.
– www.volcaniquesdemars.com
– www.klaxons.net
– www.myspace.com/listentococoon
{"type":"Banniere-Basse"}