L’été, en vingt titres. Dans la série des compilations maison du label parisien Kitsuné, le volume 7 offre danse, extase et contemplation.
La compilation Kitsuné Maison 7 est sous-titrée “celle de la chance”. Et effectivement, on a de la chance d’être contemporains de Kitsuné, de ne pas avoir à attendre le stade des rééditions en grande pompe pour saluer le fan(t)a(s)tique travail de défrichage de l’écurie parisienne. Ce n’est pas un voeu pieux si ces compilations amoureusement assemblées forment une série de “maison” : la décoration sonique a beaucoup changé en cinq ans, le mobilier aussi (le dancefloor s’est rétréci, s’est encombré d’objets pop ; les canapés se sont faits encore plus moelleux, plus hospitaliers), mais on s’y sent toujours aussi à l’aise, at home, en parfaite connivence.
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Car là où, chez tant d’autres labels, notamment ceux liés à ce point à la mode, les compilations ne sont que des additions, vulgaires et braillardes, des nouveautés les plus clinquantes, les plus hype et donc fatalement les plus vite dépassées de leur époque (leur mois, souvent), celles de Kitsuné obéissent à des pulsions autrement plus intimes que la simple frime. Loin du vain étalage de branchitude biodégradable et de cette course en avant stérile à la nouveauté pour la nouveauté, les sélecteurs de Kitsuné ont su conserver un enthousiasme naïf pour les jeunes pousses sans jamais renier leur jardin secret, leur mémoire encore vive.
On ne cultive pas, toute une vie durant, une sensibilité pop où le drame et l’euphorie se jouent en trois minutes, pour ensuite la sacrifier sur l’autel bancal de la modernité à tout prix : chez Kitsuné, on a grandi avec New Order ou Kraftwerk, on est devenu adulte avec Daft Punk, en prenant comme un acquis social ces équilibres savants entre electro rigide et fragilité humaine. Et depuis la première compilation Kitsuné, c’est, à travers Hot Chip, Metronomy, Late Of The Pier, Klaxons ou La Roux que se rejouent constamment ces équilibres entre euphorie et spleen – la pop-music, donc.
Elle peut se jouer électronique ou organique, sur des synthés ou des guitares, s’épanouir sur un dancefloor hédoniste ou dans une fosse de concert extatique : elle reste la pop-music, ce merveilleux et intense concentré de vie et de contradictions, ici symbolisé par ces groupes frontaliers, indécis entre le “fuck art, let’s dance” et le “fuck dance, let’s art”, qui font la richesse des compilations Kitsuné. Phoenix, We Have Band, James Yuill, Delphic, Renaissance Man ou Chew Lips – la maison est cette fois-ci encore un palais, où l’on nourrit les iPod avec les mets les plus sucrés, acides et raffinés.
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