Alors que Maison Kitsuné fête ses 10 ans avec une compilation franco-française, Gildas Loaëc, son fondateur, évoque la genèse du label, ses ambitions et l’avenir. Interview et écoute.
Kitsuné a 10 ans cette année. Pensais-tu que le label durerait si longtemps quand vous avez commencé ?
Gildas Loaëc – On pensait qu’on serait plus riches à l’heure qu’il est ! Mais on a commencé le métier du disque au pire moment, celui où la musique devenait gratuite. On a tenu car on est passionnés.
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Quelle était ton ambition ?
Je voulais toucher des gens avec des chansons qui pourraient à la fois durer et marquer leur époque. L’ambition originale, c’était de faire quelque chose de visible et reconnu, comme les labels que j’avais aimés. Ça semblait passionnant car le métier du disque est la science la moins sûre qui soit. Soudain, les gens s’emportent sur une chanson sur laquelle ils ne se seraient pas emportés six mois plus tôt. J’aime la musique en soi mais j’aime aussi ce travail parallèle, trouver des façons de continuer à se développer.
Quels labels ont compté pour toi ?
Factory. Virgin. J’aime bien le modèle 4AD, l’identité forte. Domino, XL, James Lavelle avec Mo’Wax… Ce que j’ai toujours aimé, c’est le parti pris artistique et l’esthétique, qui font que les gens adhèrent et suivent la marque.
Comment as-tu découvert la musique ?
Je suis du nord Finistère, en Bretagne. C’est tout bête, mais là-bas on capte Radio One. Du coup, j’entendais tous ces groupes anglais. Et puis, il y avait l’émission de Bernard Lenoir.
La French Touch a-t-elle aidé Kitsuné ?
La French Touch et Daft Punk ont créé un intérêt à l’international pour la scène française. A l’étranger, les distributeurs et les petits magasins ont commencé à s’intéresser à tout ce qui venait des labels français. Mais je ne voulais pas faire la French Touch n° 2, plutôt privilégier mes goûts personnels, qui sont anglo-saxons. C’est ce qui m’a emmené à La Roux, Bloc Party ou Klaxons. Ce qui m’intéressait, c’était aller chez les Anglais, sur leur terrain. Ils ont inventé la pop-music, c’était un défi. On a signé Two Door Cinema Club et fait disque de platine en Angleterre. C’est notre plus grande fierté : avoir fait décoller un groupe anglais chez lui.
Et ton plus grand regret ?
Foals voulaient signer chez Kistuné mais on était trop petits à l’époque, on n’avait pas la structure adéquate.
Outre l’ouverture d’un magasin à New York, ce début d’année est marqué par la sortie de la compilation Kistune Parisien II. Les groupes qui y figurent, comme Juveniles ou About The Girl, ne sont pourtant pas tous parisiens…
Quand on va à l’étranger, il y a toujours des mecs pour demander “c’est quoi le French sound ?” Tout le monde te parle de Paris, le reste non. Je suis le premier à être provincial et pas du tout parisien, mais il s’agissait d’élargir ce terme à la France pour susciter l’intérêt à l’étranger, c’était une facilité éditoriale. Outre Juveniles, il y a aussi Beataucue, Slowdance, Owlle… L’idée de ces compiles, c’est de mettre notre réseau développé à l’international au profit des artistes d’ici. Je vais passer pour un mec prétentieux mais je pense que, là maintenant, on est le seul label français capable de sortir un disque partout dans le monde.
Peux-tu nous parler de Citizens, la dernière signature ?
On a plein de chansons et un super album enregistré en Ecosse dans la ferme d’Alex Kapranos de Franz Ferdinand. C’est lui qui produit. Le chanteur est incroyable, ils sont très bons sur scène. Le disque sortira en mai. On sort aussi le projet d’une New-Yorkaise, Computer Magic.
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