King Creosote, le plus prolixe des songwriters britanniques, rajoute une perle à son chapelet.
[attachment id=298]Il y a trois ans, avec l’inoubliable Bombshell, Kenny Anderson – alias King Creosote – s’était laissé tenter par une distribution à plus grande échelle de son petit artisanat sensible. Cet Ecossais peu économe de son talent, qui a publié pas moins de quarante (40 !) albums en dix ans, la plupart à des tirages microscopiques, atterrissait donc sur une major. Les sagouins qui s’astreignirent à étouffer ce disque prodigieux, alors qu’ils étaient censés lui apporter la lumière, ont bien failli tuer Kenny. Heureusement, comme dans South Park, il est toujours en vie et ce nouvel épisode palpitant le voit revenir dans ses pénates d’origine. L’entame franchement chaotique de Flick the Vs – un morceau de sept minutes qui superpose plusieurs couches conflictuelles puis se décante comme par magie – résonne comme une sorte de big bang après lequel le monde singulier de ce roi solitaire renaît encore plus fort, plus extravagant, plus vibrant.
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N’oublions pas qu’Anderson est à l’origine accordéoniste, et même si l’instrument n’intervient qu’en arrière-plan dans ses chansons, on devine souvent son influence langoureuse dans la charpente des compositions et son empreinte mélancolique derrière chacune des fabuleuses mélodies qui s’y agrègent. Légèrement plus lo-fi que Bombshell, pas moins bouleversant pour autant, Flick the Vs alterne les rêveries étourdissantes – Fell an Ox – et les pop-songs virtuoses – No Way She Exists, Coast on by – tout en ménageant des plages hybrides où ces deux matrices d’écriture parviennent à cohabiter (Rims).
N’appartenant à aucune école – sinon celle, très dissipée, du Beta Band dont son frère, Lone Pigeon, fut le cerveau dérangé –, King Creosote apparaît surtout de plus en plus comme un écosystème à part dans le paysage rock et folk britannique, une intarissable source de jouvence à préserver d’urgence. Autrement, les générations futures pourraient nous en vouloir à mort.
Album : Flick the Vs (Domino/PIAS)
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