Un album qui s’inscrit dans la filiation folk américaine, et voyage de De New York à Los Angeles, en passant par Memphis ou Las Vegas.
« J’aime cette image de l’enfant qui, apercevant la ville au loin, a l’impression de voir un immense brasier”, confie Kevin Morby. Au mitan de City Music, son quatrième album, un extrait du roman Et ce sont les violents qui l’emportent, de l’auteure américaine Flannery O’Connor, lu par la voix hantée de la chanteuse folk Meg Baird, évoque la confusion du jeune Tarwater, entre un grand feu et la lueur des lumières de la ville.
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Toujours en quête d’une route à emprunter
Porté par le rythme lancinant d’une caisse claire et les nappes d’un orgue sépulcral, Come to Me Now entretient cette méprise, dès l’ouverture du disque. Toujours en quête d’une route à emprunter, Morby semble ici être dans la contemplation de son propre crépuscule. Comme s’il se situait dans un point hors du temps, d’où se dessinerait à l’horizon une skyline incandescente. “C’est un album écrit du point de vue d’un personnage qui se sent déconnecté du monde qui l’entoure.”
L’enregistrement de City Music ne ressemble pourtant pas à un processus de création solitaire. Il se fera en deux temps. D’abord, de retour aux Etats-Unis après une longue tournée européenne. Le Kevin Morby band se retire au nord de San Francisco, dans un home studio de la petite localité de Stinson Beach, surplombant l’océan Pacifique. “Tu peux m’entendre compter, au début et à la fin de certains morceaux. C’était pour donner le signal à mon groupe, car on enregistrait live.”
Puis un peu plus au nord, à Cottage Grove, Oregon, dans les studios du producteur Richard Swift. Le résultat sonne comme un document s’inscrivant dans la filiation des grands disques du folk américain. Le très beau Dry Your Eyes, par son grain, ses arrangements et ses chœurs, évoque la chaleur et l’intemporalité des récents albums de reprises de Dylan. Dans sa façon de convoquer la mère et la sœur, Downtown’s Lights se situe lui davantage dans le sillage de Leonard Cohen, référence assumée par Morby.
Inspiré par les marges urbaines
Sans jamais le théoriser, le thème central de City Music est la ville. Sous toutes ses coutures et via toutes les errances poétiques qu’elle suscite. “J’ai voulu faire une sorte de mixtape et parler de ces villes qui m’ont marqué, explique-t-il. Le morceau 1234, par exemple, est à la fois un hommage aux Ramones et à New York City.” Une chanson à l’énergie punk écrite par Morby, dont le solo de guitare rappelle les Strokes période Is This It. Elle fait écho à Caught in My Eyes, surprenante reprise au ralenti de The Germs, groupe hardcore de Los Angeles. Le titre City Music et sa longue introduction instrumentale en forme de rengaine constituent ici la part du merveilleux. C’est une déclaration d’amour aux bruits de la ville, à ses lumières et aux échappées nocturnes. De Beale Street à Memphis, au Strip à Vegas, et de Downtown Los Angeles, à New York City, c’est toute l’histoire de l’Amérique qui est ici vue à travers le prisme de ses marges célestes et vagabondes que sont les musiciens.
Si Morby semble être davantage fasciné par le mythe, cet album n’en demeure pas moins un témoignage vivant et contemporain de ce mode de vie. Encore un petit effort et Kevin ne devrait plus seulement être dans l’évocation des choses, mais dans leur incarnation.
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