Troubadour illuminé et inventeur d’une pop barrée et influente, l’Anglais Kevin Ayers s’est éteint discrètement.
Kevin Ayers vient de décéder à 68 ans comme il avait vécu : sur la pointe des pieds. Ce Francophone amoureux avait bien choisi son nom : Kevin Ailleurs. Son influence est pourtant massive sur tout un pan du songwriting acidulé, délicat et illuminé : on entend chaque jour le lourd héritage de sa plume légère chez des gens qui ne l’ont pourtant jamais entendu.
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Mais depuis ses débuts avec Soft Machine avec une autre grand vivant, Robert Wyatt, il a proposé une autre façon, voltigeuse et déformaté, voire dématée, d’envisager la pop-music, nourrie d’expériences psychédéliques, jazz ou folk. Amateur de grand crus et de cul, homme de soleil et d’histoires fabuleuses qu’il racontait encore sans doute dans ce sud de la France qui l’avait adopté, dandy de terrasse et esthète AOC, Kevin Ayers était un bon vivant, un grand vivant.
Ici, outre son bouleversant Lady Rachel, on le connaît surtout pour son May I? en franglais détaché, qu’avaient repris en chœur (en cœur) quelques babas béats des seventies, avant que les Bordelais trop méconnus de Gamine l’adoptent en étendard d’une internationale pop à doigts de pieds en éventail. Kevin Ayers, homme de l’ombre et du hamac, n’avait guère le goût du spectacle, mais une gourmandise de beauté. Il l’a souvent apprivoisée, en travaillant avec Eno, John Cale, Nico ou Syd Barrett.
Qu’importe, alors, ses rendez-vous manqués avec l’histoire, la Grande, celle où l’on circule avec des patins : des rendez-vous, il n’en a pas manqué des masses avec notre discothèque idéale de la nonchalance élégante. Sur les murs de sa maison de l’Aude, il y avait sans doute plus de photos de famille et d’amis fidèles (on imagine avec jalousie les soirées infinies dans le village littéraire de Montolieu) que de rutilants disque d’or. Mais sur les étagères, il y a pour toujours des disques en or.
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