Sur la pochette de son nouvel album » To Pimp a Butterfly », le rappeur Kendrick Lamar pose avec sa bande devant la Maison Blanche. Sous ses airs cool, l’album est un brûlot politique.
1. Photo de famille
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Cet album, d’ores et déjà l’un des meilleurs de l’année, a débarqué par surprise le 16 mars, une semaine avant sa sortie. Sa pochette avait, elle, été dévoilée plus tôt sur Instagram par Kendrick Lamar, assortie du titre To Pimp a Butterfly (“Prostituer un papillon”), sur lequel on pourrait disserter pendant quatre heures. C’est aussi ce que pense le rappeur quia assuré à Rolling Stone qu’il serait “un jour enseigné à l’université”. En légende, Kendrick Lamar citait le Lil’ Homies de Tupac, figure de la West Coast. C’est donc très logiquement qu’il fait poser sa propre bande de “petits potes” devant ce qui ressembleà la Maison Blanche, les mains pleines de billets et de bouteilles. Pépouze.
2. A la Maison Blanche
Derrière ses mélodies gorgées de G-funk, To Pimp a Butterfly est une charge politique (lire critique). Sur Hood Politics, Kendrick Lamar compare Compton, banlieue chaude de L. A. dont il est originaire, au Congrès, et l’opposition démocrates-républicains à la guerre des gangs. Sur la complexe The Blacker the Berry, il tacle le racisme : “Mes cheveux sont crépus, ma bite est grosse, mon nez est large et rond. Vous me détestez n’est-ce pas ?”, avant de déplorer la mort de Trayvon Martin, ado noir qui, en 2012, alors qu’il marchait dans la rue en sweat à capuche, fut tué par le “patrouilleur” George Zimmerman, depuis acquitté. Dans un twist final, Lamar s’y traite d’hypocrite par la voix d’un narrateur, confiant avoir lui aussi tué un Noir appartenant à un gang rival.
http://www.youtube.com/watch?v=6AhXSoKa8xw
3. Contenu explicite
Alors même que Kendrick tacle la violence du racisme, le sticker Parental advisory estampille son album comme “dangereux”, et pointe du même coup les contradictions de la société américaine. Placé sur une telle pochette, le sticker (créé en 1985 en réaction à une référence masturbatoire du Darling Nikki de Prince) se pare d’une certaine ironie, comme si le rappeur, détenteur de deux Grammy Awards, l’avait lui-même glissé là, en guise de doigt d’honneur au puritanisme et donc de label subversif. Au procès de la société américaine, Kendrick Lamar revendique l’outrage à la cour dans son brillant réquisitoire.
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