Sur la pochette de son prochain album, le petit Philippe Katerine pose avec ses parents dans la plus pure tradition des photos de famille. Angoisse ou génie ?
1 > Le petit Philippe
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Sur la pochette de son précédent album, Katerine posait, l’air auguste, vêtu d’un col roulé moulant rose en Lycra et d’un minishort blanc moule-paquet. Petit bijou de laisser-aller et de noble foutage de gueule, Robots après tout donnait alors l’occasion à ceux qui ne le connaissaient pas de découvrir un personnage aux tubes golri (en tête desquels Louxor j’adore, gros succès de 2006), à la garde-robe douteuse et aux cheveux mal peignés. Une surprise aussi pour les familiers de son oeuvre, habitués à un univers poétique plutôt minimaliste et personnel. Dès lors, comment interpréter la pochette de cet album dont la sortie est prévue fin septembre ? Et que penser de l’expression de Katerine, entre prise d’acide, joie béate et chromosome surnuméraire ?
2 > Papa et maman Katerine
Après avoir découvert cette pochette, esquissé un sourire signifiant ou éclaté de rire bruyamment (selon votre personnalité), une question vient à l’esprit : “Sont-ce là les vrais parents ?” Oui, si l’on en croit l’attaché de presse, qui nous apprend du même coup que le couple en question chante sur un morceau de l’album. Entre profond malaise et grande joie, on inspecte alors papa et maman Katerine visiblement tirés à quatre épingles pour la photo. Et parfaits dans leur costume de parents (la cravate de papa, la veste de papa, les cheveux de papa, le pendentif de maman, la montre de maman, la coupe de maman).
On en oublierait Katerine lui-même, ici relativement peigné et vêtu d’un T-shirt de base-ball tel un teen américain… On se plaît alors à l’imaginer rentrer à la maison après les cours, jeter son sac à dos, ouvrir le frigo pour boire du jus de fruits multivitaminé à même la bouteille et s’affaler devant la télé au lieu de faire ses devoirs avant que ses parents reviennent du travail, vers 19h42. Tout ça, sauf que Katerine a 41 ans.
3 > La photo de famille anxiogène
En 1980, Artefact, Marquis De Sade et Jacno posaient déjà avec leur mère pour Actuel sous le titre “Les jeunes gens modernes aiment leur maman”. Trente ans plus tard, c’est à un exercice hautement plus anxiogène que se prête Katerine, puisqu’il s’agit de la photo de famille prise chez un professionnel. Le genre de moment hyper pénible à vivre pour un adolescent. Une scène rejouée pour une pochette qui s’impose comme un parfait spécimen du genre et que l’on pourrait dater du début des années 90, avec ce fond bleu qui va bien.
Loin de paraître traumatisé, Katerine semble ici euphorique. Entre beaufitude surjouée et profonde finesse, il se montre fidèle à son personnage, capable de bouleversants témoignages sur l’enfance (son film Peau de cochon, son journal graphique Doublez votre mémoire ou des morceaux plus anciens) comme d’envolées plus légères. D’ailleurs, en plus de ses parents, Philippe Katerine partagera une chanson avec sa fille et une autre avec sa compagne Jeanne Balibar. Si si la famille, quoi.
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