Sous influence Suicide, le duo bordelais creuse le sillon bruitiste parsemé des trouvailles mélodiques.
“Dust, Fierce, Forever, c’est vraiment ce qui représente le disque. Poussière, féroce, pour toujours, c’est un peu nous. Outsider et toujours pas à la mode, rien à foutre. On veut montrer que c’est possible d’avoir notre identité et de faire ce qu’on veut.” Caroline Martial, la chanteuse du duo Kap Bambino, ne mâche pas ses mots en fin d’interview.
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Ce cinquième album transpire l’attitude spontanée et libertaire qui a toujours été celle du groupe depuis ses débuts, en 2002. Electron libre de la scène electro-punk, Kap Bambino aura toujours nagé à contre-courant des modes et des attentes, préférant trouver la reconnaissance au-delà des frontières françaises, lassé d’un pays qui longtemps l’aura cantonné aux “soirées DJ où l’on fait tourner les serviettes”, comme le regrette Caroline Martial.
Dust, Fierce, Forever paraît sept ans après Devotion et creuse le sillon d’une musique aux sonorités industrielles et bruitistes, mais bigrement humaine et physique. Une démarche stylistique confirmée par la seule référence que saura nous donner le tandem : Suicide. Entre ces deux albums, Kap Bambino aurait enregistré quatre disques, continuant d’expérimenter, de tailler dans le gras, sans rien s’interdire “sauf les samples” dixit Orion Bouvier, aux machines.
“On a toujours fait des morceaux pop”
Dès l’introduction de Dust, Fierce, Forever, on reconnaît le son composé de fracas et de climax digitaux du duo mixte, le tout baigné d’une rage hardcore intacte. Hors du temps, la musique de Kap Bambino ne l’a jamais été autant que sur cet assemblage compact et cohérent de morceaux qui évitent l’écueil de la référence stylistique un peu trop maligne. Une bénédiction au moment où une vague de nostalgie s’abat sur la musique électronique (qu’elle soit gabber, house ou techno indus).
Si ce disque pousse un peu plus loin le bouchon en termes de BPM et d’énergie, il s’offre aussi une construction plus narrative. Ainsi, Forever ne déparerait pas sur un passage du film Good Time des frères Safdie. “On a toujours fait des morceaux pop”, affirme Caroline. Ces élans mélodiques font ici des merveilles sur Fossil et sa cold-wave de stade ou sur Under the Ages, improbable rencontre de Robert Palmer avec Salem et ses sonorités inattendues de gamelan.
Orion Bouvier ricane comme un gamin heureux d’avoir joué un tour à l’auditoire, tandis que sa comparse revient, elle, sur son approche du chant : “J’aime écrire des slogans. Sur certains titres, les riffs d’Orion sont déjà tellement péplum qu’il n’y a pas la place pour autre chose. Mais sur d’autres, j’aime habiter la musique différemment. Au bout de dix-sept ans, on peut dire qu’on a inventé notre style.” Et ce n’est sûrement pas avec ce disque rageur et truffé de surprises que l’on risque de leur enlever.
Dust, Fierce, Forever (Because Music)
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