Yeezy a commencé samedi sa série de quatre concerts surprises. Un show minimaliste mais efficace.
Dimanche 21 heures, une foule composée de hipsters, d’une fraction de la jeunesse dorée du XVIe, de touristes américains, anglais ou allemands, et de modeux venus terminer la fashion week attendent en ligne devant le nouveau fleuron de Louis Vuitton, le bâtiment en bulbes de verre conçu par Frank Gehry.
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Vendredi après-midi, Kanye West avait annoncé une série de quatre concerts surprises, à 100 euros la place, mais « les recettes de la soirée seront reversées à une association caritative », pouvait-on lire, sans plus de précisions, sur le site de la fondation. C’est donc un néo-Enfoiré, que le public allait voir sur la petite scène de l’auditorium. Auparavant tous auront dû patienter une heure et demie, entrant au compte-gouttes, grâce à une organisation plus habituée à gérer les fans hardcore de Renaud Capuçon que ceux de Yeezie.
En préambule du show, le clip de All Day, joué la première fois lors des Brit Awards, et devenu instantanément un classique, signé Steve Mc Queen, réalisateur de Hunger et 12 Years a Slave.
22h20. Kanye arrive sur scène. Pas de masque sur la tête comme lors de sa dernière tournée, mais les tee-shirts, pantalons et baskets blanches et crèmes sont tirés de sa collection pour Adidas. La mise en scène est tout aussi minimale: les écrans restent blancs, aucun jeu de lumière, Kanye est seul sur scène. Seul devant une forêt de smartphones.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que le rappeur joue So Help Me God son dernier album en intégralité, il entame son live avec On Sight, Black Skin, Jesus Walks, Wolf, sans aucun temps mort entre les titres. Un sprint musical qui tiendra de mot d’ordre pendant tout le concert. Seul sur scène, Kanye meuble l’espace, s’agenouille, sautille, s’essaie même au break.
Le rappeur enchaîne très vite les titres, Heartless, Flashing Lights, Can’t Tell Me nothing, aux paroles assez ironiques dans le cadre: « I feel the pressure, under more scrutiny/And what I do, act more stupidly/Bought more jewelry, more Louis V« . (Je ressens la pression, je sens qu’on me scrute. Et qu’est ce que je fais, j’agis comme un crétin. J’achète des bijoux, et plus de Louis Vuitton), puis branche l’autotune pour Say You Will.
L’écume de vagues géantes apparaît sur les écrans autour de la scène pour débuter Runaway. Kanye rate le couplet, recommence avec un petit sourire. Et transforme peu à peu le morceau qui propose un « toast for the assholes » en ballade romantique pendant laquelle le rappeur conseille de « serrer fort la personne qu’on aime ». Mais la pause tendresse ne dure pas, le mari de Kim Kardashian se met à sauter partout pour All of the Lights.
Goodlife, Goldigger, Touch the Sky s’enchaînent, mais Blood on the Leaves a du mal à passer, le rappeur doit recommencer le titre trois fois. Avant de réussir, il propose de former un cercle au centre de la salle pour les meilleurs danseurs, pour les « craziest people in Paris ». Puis vient l’heure de All Day, titre joué il y a une semaine pour la première fois, mais que la moitié du public connaît déjà par cœur.
Une forêt verdoyante apparaît sur les écrans géants, Kanye conclut son concert par Only One, ballade autotunée et lacrymale en hommage à sa mère, et à sa fille, puis quitte la scène sans tarder.
En un peu plus d’une heure et quart, le rappeur aura repris une petite vingtaine de titres, au pas de course, mais en prenant visiblement du plaisir à être là. A l’instar de Jay Z qui avait « performé » Picasso Baby, pendant six heures dans une galerie new-yorkaise en 2013, Kanye West se montre en artiste en prise avec la création dans toute sa globalité. Au cœur de la capitale de mode, il joue ses titres dans un bâtiment dédiée à l’art contemporain, dessiné par le plus célèbre architecte au monde… A la fin du concert, ce n’est donc pas une vente de t-shirts ou de CDs qui attend le public, mais la distribution du catalogue, en papier glacé, de la collection signée Kanye West, présentée le mois dernier lors de la fashion week new-yorkaise. Le rappeur veut être pris au sérieux, clairement. Il reste encore du chemin pour y parvenir: lundi matin des parodies de ses pas de breakdance faisaient la joie d’internet.
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