De label de musique de jeunes pour les vieux, Ninja Tune s’est petit à petit mué en label de musique de vieux pour les jeunes. Et du coup, ça n’intéresse plus personne. A tort. Car en allant voir du côté du jazz si le hip-hop y est, Matt Black et Jonathan More, les insatiables curieux […]
De label de musique de jeunes pour les vieux, Ninja Tune s’est petit à petit mué en label de musique de vieux pour les jeunes. Et du coup, ça n’intéresse plus personne. A tort. Car en allant voir du côté du jazz si le hip-hop y est, Matt Black et Jonathan More, les insatiables curieux de Coldcut, ont constitué un catalogue aussi impressionnant qu’incontournable auquel le temps rendra justice. De l’insaisissable Mr. Scruff à l’immense Amon Tobin en passant par l’austère DJ Vadim, Ninja Tune est le creuset d’une musique savante mais jamais pédante, exigeante mais accessible. Le collectif DJ Food fut l’un des premiers à entreprendre cette démarche à travers la série des maxis Jazz Brakes parus au début des années 90. Fondé par les membres de Coldcut, DJ Food réunit aujourd’hui Patrick Carpenter (alias PC) et Strictly Kev, noyau bicéphale autour desquels gravitent des collaborateurs invités. Kaleidoscope est le premier album de DJ Food depuis A recipe for disaster paru fin 1995, au moment où déferlait la grande vague du trip-hop. Indifférents à l’extinction des feux de cette mode, Ninja Tune et DJ Food ont poursuivi leur route dans l’obscurité, vers le jazz et la musique pour films imaginaires. Emballé dans une superbe pochette déclinant l’esthétique du label jazz Prestige, Kaleidoscope rassemble une douzaine de morceaux évocateurs et nocturnes où se côtoient Lalo Schifrin et Quannum. Et si le vibraphone, le hautbois et la contrebasse sont les armes du crime préférées de DJ Food, si on se croit parfois dans les rues de New York un soir d’hiver 1957, il y a aussi de la lumière sur Kaleidoscope : sur Minitoka, musique de ballet pour naïades ou sur l’adorable miniature Reprise (A splash of Debussy), qui viennent conclure dans la clarté d’un rêve délicieux ce qui avait si obscurément commencé. œuvre collective, DJ Food ne désigne pas un DJ qui s’appellerait Food mais signifie littéralement « de la nourriture pour DJ ». On aimerait bien savoir où ceux qui s’en nourrissent exercent leur talent.
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