Loin des hauteurs de son mythe, la dernière K.A.B.P. nous a un peu déçu. Festival de la coiffure folle, cheese dolls, fashionitas Cage à Goo-Goo, names dropping, trip ondiniste sous le comptoir etc. compte rendu de la soirée du 24 novembre dernier.
Loin des hauteurs de son mythe, la dernière K.A.B.P. nous a un peu déçu. Festival de la coiffure folle, cheese dolls, fashionitas Cage à Goo-Goo, names dropping, trip ondiniste sous le comptoir etc. compte rendu de la soirée du 24 novembre dernier. Ketchup, Ambitieuse, Boring et Petites putes’ La musique dans tout ça ? Une fois n’est pas coutume, elle ne dépassait pas le mur du son (il faut dire que jusqu’alors la barre a été mise très haut). Histoire de tirer la couette de Jeremy Scott (un tour de manège gratuit si vous décrochez le pompom), rendez vous pour la prochaine KABP le 12 janvier 2002.
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K comme… Ketchup (on en a toujours foutu partout)
Dès le début en juin 2000, cette soirée est devenue mythique. Un deejay magicien résident, Patrick Vidal, en fait battre le c’ur. La lumière et la sueur dégoulinent sur le parquet sombre d’une petite salle décalée, intimiste et élégante, La Boule noire. Des rendez-vous rares, une fois par mois, révélés par un bouche-à-oreille qui savait entretenir le secret. Après une sublimissime K.A.B.P. Tribute to New-York le 15 septembre, l’intimité et la musique n’étaient pas au rendez-vous ce 24 novembre. On était pourtant dans de bonnes dispositions, ouverts, prêts à tout, avec nos T-shirts J’avale / Je suce : prêts à prendre tout ce qui viendrait Grosse naïve !
A comme Ambitieuse (blonde et ambitieuse)
1 heure. Il faut faire la queue. On repère notre bande (en bande, c’est moins risqué) dans la file. À l’entrée un Melvil Poupaud maladif et flippé s’improvise physio et agite des fax pour se donner un genre. Il faut faire entrer en priorité les naaaaames? vous faites la queue comme tout le monde mais où sont vos naaaaames ? De la modasse branchée en plein délire capillaire transgresse les lois de l’attente et passe devant tout le monde. OK, on enverra un fax la prochaine fois’ La queue s’épaissit, il faut jouer des coudes, sans doute la rançon du succès. On a tout loisir pour détailler les coiffures chiadées de ces gens qui vont transpirer avec nous sur le dance-floor Beuheuheurq : bonjour queues de rat et autres casques york frisotté? de crêtes en balayages expansif, un véritable festival international de la coiffure with attitude de la fashion. Je mets les pieds dans le plat et demande : peut-on avoir une vie sexuelle décente avec des coiffures aussi sophistiquées ? J’évite in extremis un jet de laque.
B comme Boring (names boring)
2 heures. Après l’interlude passablement mondain de la queue, la salle. Toujours aussi belle mais que de poses ! Je demande à mon voisin ce qu’il pense de la musique : Géniaaal, me répond-il dans un bâillement. L’hystérie est mesurée. À force d’en avoir eu plein les oreilles de cette foutue soirée mythique, on vérifie plus qu’on ne découvre. L’enthousiasme est de convention. C’est devenu obligé. C’est hype et c’est très bien comme ça. Et la musique dans tout ça ? On saisit au vol quelques conversations des vrais people histoire de mouiller. Concours de charcuterie au comptoir entre Henri Maurel et un Thomas Doustaly plus sexe que jamais. Sur la piste, au milieu de gym queens peu ragoûtantes on croise Elizabeth Lebovici très en sueur, La Bourette très en talons, Christophe Vix très en retard, Jeremy Scott très en cheveux, Catherine Baba très en manches chauve-souris, Christophe Chemin très en chaps etc. Que des VIPS, mon Dieu ! Patrick Thévenin, plus en verve que jamais, persifle presque aussi fort que la musique. MC Didier Lestrade temporise : cette soirée marque un tournant, il se passe quelque chose, tout roule tout seul, je ne suis plus flippé? eh oui, la K.A.B.P. cartonne, il y a un monde fou, moyennement délire pour danser. Pendant ce temps, ça renifle sec dans les chiottes’
P comme… Petites putes ! Et la musique dans tout ça ?
La musique ? C’est le problème de cette édition. Au mieux déconcertante. Tout en ruptures de ton. Un Gilb R lourdaud en warm up, un Patrick Vidal aussi dévitalisé que les cheveux de Catherine Baba, et un I:Cube soporifique et pas dansable, un jus calibré pile poil pour les défoncés. On croise des minettes déçues dans les chiottes à 5h 30. Une Allemande en quête d’X et une Lolita en T-shirt taché ne nous lâchent plus. On n’était pas venues pour ronfler sur Café Del Mar
On abandonne cette conférence impromptue sur les musiques électroniques. Au comptoir je surprends un jeune branché en T-shirt noir, piercing sur la lèvre inférieure en train de pisser discrétos’ c’est du propre. Nous échangeons un clin d’œil complice. Cela me rappelle soudain les cours d’histoire en 4ème, les courtisans qui pissaient dans les couloirs derrière les portes à Versailles. Une image me saute à l’esprit : la K.A.B.P. comme une cour. Plus personne n’y va par goût, tout le monde s’y presse par intérêt.
K.A.B.P., La Boule Noire, sous la Cigale, 120, Bd de Rochechouart, 75018 Paris, de 23 heures à 6 heures.
Entrée 12,5 euros environ (sans conso)
Prochaine KABP : le 12 janvier 2002
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