Depuis la sortie de Never Be Alone, le remix aux basses élastiques et groovy et au refrain bubblegum des Anglais de Simian qu’ils ont réalisé en 2003, la cote du groupe n’a fait qu’exploser.
En quelques mois, ces deux graphistes de formation qui zonaient dans le dix-huitième près de Château-Rouge sont devenus un des duos électroniques les plus en vue de la planète : ils ont signé des remixes pour Britney Spears (Toxic), Franz Ferdinand (The Fallen), N.E.R.D., ou encore Fatboy Slim, et soufflé aux MTV awards avec Never Be Alone le prix du meilleur clip à un Kanye West ébahi et un poil véner.
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La presse anglo-saxonne les surnomme “les nouveaux Daft Punk”. Une analogie renforcée par la présence aux côtés du duo electro parisien, fan de basses compressées, de Pedro Winter, manager historique des Daft. Attendu comme le messie, leur premier album porte comme seul nom une croix, devenu le symbole du groupe, à la fois signe de ralliement et référence à la pop des années 90 (George Michael, Madonna l’ont utilisé). Un album qui aura le mérite de lever les ambiguïtés et les interrogations sur la valeur du groupe et le talent de ces deux lascars: car il y a fort à parier que 2007, année de l’ordre juste déçu, soit celle de Justice tout court.
+ est l’un de ces vrais grands albums, avec un début, un milieu et une fin. Une aventure à la fois mentale et physique, que l’on débute en secouant le bassin sur Genesis, titre d’ouverture à la fois futuriste et péplumesque, étalant sa débauche de filtres et de laser. On commence alors vite à bouger la tête sur Let there be light, avant que D.A.N.C.E, tube de l’été évident, ne disperse sous nos yeux ébahis une série de petits Jackson 5 clonés, bougeant très fort leur épaisse choucroute et reprenant en chœur ce refrain d’une absolue fraîcheur, que l’on pourrait étirer à l’infini. Puis c’est New Jack, dont le beat bégaie joyeusement, suivi de Phantom et Phantom Pt II, sorte de double thriller pour piste de danse caverneuse, que l’on danse avec toujours un œil toujours quelque part dans son dos. Valentine, sorte de mini bande-originale mi-Maigret mi film de boules calme gentiment les esprits à mi-parcours, jonglant très subtilement avec le mauvais goût. Cela avant que Tthhee Ppaarrtyyy ne lance, avec une Uffie lunaire et comme montée sur ressort, le coup d’envoi d’une seconde partie d’album assez sombre mais franchement tonitruante Une séquence pourtant conclue en douceur par One minute to midnite, générique de fin idéal, qui semble vouloir ouvrir les portes d’un univers inconnu mais chaleureux, quelque part entre le club privé et la secte sympa.
Le secret de Justice est là : une balance idéale entre l’underground et l’entertainment, méticuleusement construite, réglée avec minutie, afin de pouvoir peser ensuite de tout son poids sur les pistes de danses du monde entier. Et remettre, au bout de cette longue croisade, et près de dix ans après l’explosion de Daft Punk, Paris au cœur de la musique mondiale. L’ordre Justice alors, comme dirait l’autre, et si c’était ça au final ?
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