Le « général » dévoile un album à l’afro-funk moderne et multiple.
Pourquoi la Nasa dépense-t-elle des milliards de dollars à rechercher d’improbables traces de vie sur de lointaines exoplanètes quand il y en a tant chez Jupiter ? La question est moins absurde qu’il n’y paraît, car le Congo, si riche sur bien des plans (humain, culturel, biogéographique…), souffre toujours des exploitations les plus sauvages en même temps qu’il déborde d’énergies gaspillées.
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Révélé grâce à l’appui de Damon Albarn et à un excellent premier album, Jupiter Bokondji n’a donc aucune raison de ne pas poursuivre la mission qu’il s’est fixée : exposer au monde la diversité du Congo et l’inscrire dans une modernité tout excessive. Pour matérialiser cet ambitieux projet, Kin Sonic se nourrit comme son prédécesseur de plusieurs langues, rythmes et formes musicales congolais. Mais il bénéficie d’une production plus tonique qui met mieux en valeur le mélange de funk savoureux, de nonchalance punk et d’irrationnel psychédélique pratiqué par Jupiter et son groupe Okwess. Derrière la superbe pochette réalisée par 3D de Massive Attack, les invités, Warren Ellis au violon et l’ami Albarn aux claviers, restent discrets, laissant le train du groupe filer à son allure, rapide, la chaudière en surchauffe, les tensions évacuées en larges éclats de rire et tonitruants “j’en ai rien à foutre”.
Ainsi Jupiter (dés-)organise-t-il son affaire, mêlant la moquerie à la menace, la farce anarchiste à la leçon de sagesse, la vigueur du chant au constat désenchanté, la décontraction de son long corps de statue à l’agencement imparable d’une rythmique nerveuse, conçue pour tourner à l’infini les mêmes figures. C’est une fête un brin bordélique, juste ce qu’il faut pour rester imprévisible, excitante, propulser les corps sur les pistes de danse et les têtes dans les étoiles.
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