En 2003, Miossec rencontrait Juliette Gréco à l’occasion de l’enregistrement de son album Aimez-vous les uns les autres ou bien disparaissez… Il en signait trois chansons.
« On s’était rencontrés au Lutetia (grand hôtel parisien dans le quartier de Saint-Germain – ndlr). En vérité, il y avait eu une première rencontre avortée. J’avais reçu le prix de la Ville de Paris de la chanson. Le jury était présidé par Juliette. Au dernier moment, je me suis dit que je ne pouvais pas y aller car c’est Jean Tiberi qui remettait le prix. Donc j’ai planté le truc alors qu’il y avait des médias, beaucoup de monde… Ça a fait marrer Juliette ! Tout est donc parti de là.
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C’était aussi une amitié avec Gérard Jouannest, qui était le pianiste de Brel. J’écrivais les textes et on voyait comment ça tenait ensemble. C’était chaleureux.
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J’aimais le côté irréductible de Juliette. Etre Juliette Gréco dans les années 1950-60, fallait s’accrocher ! C’est difficilement imaginable aujourd’hui. On n’est plus dans le même monde. Elle faisait peur à beaucoup de Français. Elle était très provocante. Elle adorait ça, soulever les choses. Je ne connais pas la définition de l’artiste, mais Juliette avait l’envie de ne pas être consensuelle et, pour moi, c’est ça être un artiste. Ne pas être populaire à tout prix. Au contraire…
Je suis beaucoup allé à Ramatuelle, où elle vivait à la fin de sa vie. Le travail s’est toujours fait dans un cadre amical. C’est quelqu’un qui aimait beaucoup rire
Sa dernière tournée s’est appelée Merci car elle se souvenait d’un texte que j’avais écrit et que j’avais montré à Gérard et qui s’appelait Merci. J’ai retravaillé le texte, et voilà. C’était dingue d’être dans la salle. Ce sont les émotions du parolier. Un drôle de truc. On a l’impression d’être dans un film ! (rires)
Je suis beaucoup allé à Ramatuelle, où elle vivait à la fin de sa vie. Le travail s’est toujours fait dans un cadre amical. C’est quelqu’un qui aimait beaucoup rire. C’est drôle comme les tragédiens peuvent être dans le rire et les comiques être d’un sinistre incroyable. Je pense que mon image ne lui déplaisait pas… Je n’étais moi-même pas extrêmement consensuel ! (rires)
Bob Dylan et elle sont des personnes qui montrent que ce n’est pas un boulot comme un autre, être artiste
Déshabillez-moi, c’est ce qui m’a touché en étant tout gamin. C’est le morceau qui vous rentre dedans à un jeune âge et que vous conservez. Il y a un petit rire en coin dans cette chanson. Sur scène, elle s’amusait beaucoup en l’interprétant.
Elle fait partie des artistes de scène où chaque syllabe est vraiment importante. Même en studio c’était trois prises. Elle travaillait la moindre virgule. On enregistrait avec l’orchestre, donc elle s’excusait du nombre de prises…
Ce n’est pas qu’une histoire de grande madame. On est en studio et on fait une chanson en plusieurs prises, et l’orchestre applaudit à la fin parce que c’est un exploit. C’est quelqu’un qui a fait de la scène toute sa vie, même quand ça marchait moins en France. Elle a sillonné le monde. Bob Dylan et elle sont des personnes qui montrent que ce n’est pas un boulot comme un autre, être artiste. »
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