L’Australienne Julia Jacklin se relève de tout et livre une leçon de résistance poignante dans un folk libérateur.
Les titres de Julia Jacklin s’effeuillent comme les pages d’un roman graphique. Body, le premier chapitre de Crushing, son second album, raconte une rupture. Elle y pose de manière lente un ruban de voix étroit et légèrement élimé. Les images défilent. La police vient arrêter son compagnon à l’atterrissage d’un avion à Sydney. Celui-ci sort fièrement, rêvant déjà d’impressionner ses amis, alors qu’il s’est simplement fait surprendre un mégot à la bouche.
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Reprendre possession d’elle-même
On entend le souffle de l’Australienne, les consonnes serrées entre les dents, comme pour retenir une dernière fois cet amour qui s’éteint en plein vol… ou pour mieux suspendre l’auditeur à ses lèvres. “Right there on the Sydney tarmac I threw my luggage down, I said I’m gonna leave you.” Sur le chemin qui la sépare de celui qui a partagé sa vie, la chanteuse reprend possession de son corps, en repensant à une photo d’elle nue, volée des années plus tôt. “Do you still have that photograph / Would you use it to hurt me ? I guess it’s just my life and it’s just my body.”
Une reconquête physique et mentale
Ce mantra final, répété en boucle comme pour se donner de la force, résonnera tout au long de l’album, écrit après deux ans de tournée et une relation étouffante. Au lieu d’un éparpillement de soi suggéré par son titre, l’album Crushing signe la reconquête de son intégrité physique et mentale, illustrée par une montée en puissance des titres. “Pour le premier album, j’étais si nerveuse que je ne pouvais pas encore me considérer comme musicienne, explique-t-elle. Après deux ans de tournée, j’ai commencé à accepter le fait que je méritais ma place.”
C’est donc une fascinante éclosion qu’offre ce deuxième album, produit par un Burke Reid qui a notamment collaboré avec Courtney Barnett, autre amazone australienne.
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