Avec un disque façonné sous le soleil espagnol, Josh Rouse
offre une merveilleuse parenthèse pop à l’automne. Critique et écoute.
Preuve supplémentaire, après le très recommandable album de Brent Cash, que les grands disques paraissent souvent sans faire de bruit, le nouveau Josh Rouse est un petit miracle de pop. Installé depuis quelques années à Valence, en Espagne, l’Américain officie désormais avec un groupe de musiciens locaux rassemblés sous le nom de The Long Vacations.
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Un nom qui va comme un gant à cette formation dont la musique invite à la paresse et à l’oisiveté en tongs, et dont le disque doré au soleil apparaît comme la belle anomalie de l’automne. Car Josh Rouse & The Long Vacations est un vrai disque d’été, qui s’ouvre sur un Diggin’ in the Sand comme échappé d’un vieux recueil de demos de Donovan, du temps où l’Ecossais parcourait les îles grecques bien dans son bermuda.
“C’est simple, explique Rouse, j’ai écrit ces chansons sans véritable plan. J’écoutais et j’écoute toujours beaucoup de musique brésilienne. Mais il n’y avait pas de concept, pas d’envie particulière, pas d’emploi du temps défini.” Josh Rouse & The Long Vacations semble au final dresser un pont imaginaire entre les rues colorées de Salvador de Bahia dépeintes par Os Novos Baianos et l’Angleterre plaisante de Ray Davies. “C’est drôle, car je n’écoute pas trop les Kinks. Je n’écoute pas vraiment Paul Simon non plus, alors que les gens pensaient qu’il avait été mon influence pour l’album précédent. Je préfère la musique brésilienne : les mélodies, les accords. Je ne comprends pas la langue, mais peu importe. L’émotion transcende tout ça.”
Niveau émotion, Josh Rouse est généreux et livre ici une triplette de pépites mélodieuses (Oh, Look What the Sun Did!, Lazy Days et Bluebird St.) : parus sur des albums de 1968, ces morceaux seraient aujourd’hui enseignés dans tous les manuels historiques de la pop. Même émoi sur Movin’ on, comptine espiègle et amoureuse qu’un banjo porte dans la joie. Touchons donc des dix doigts le bois de toute la forêt amazonienne pour que la crise du disque ne condamne pas ces Long Vacations aux grandes vacances forcées.
“Aujourd’hui, je travaille avec ma femme sur un projet de livre pour enfants. Elle dessine, j’écris l’histoire. Je passe beaucoup de temps avec mes enfants, je me sens assez loin de la vie de musicien que j’ai longtemps menée sur la route. Et je ne suis pas sûr que je pourrai vivre de ma musique éternellement. Mais je continuerai quoi qu’il arrive à produire des disques et à composer dans mon coin.” Bonne nouvelle.
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