“Jonathan Personne” est le troisième album d’un pistolero rêveur canadien, qui convoque Polnareff et Neil Young, dans une collection de chansons à la marge de l’époque.
Quelle manière d’ouvrir un disque ! On imagine Phil Spector débarquer en studio avec Gloria Gaynor et Lee Hazlewood, la clope au coin du bec : “Dynamitons les charts avec une bonne ballade disco-pop orchestrale et décharnée, les potes.”
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C’est agrippé au siège du salon que l’on découvre le troisième album de Jonathan Personne. Le coleader des caïds montréalais de Corridor confirme ici sa maîtrise élastique de l’art subtil du contraste et de l’antithèse, du grandiose feutré, des aventures filmées en CinémaScope que l’on contemple depuis la terrasse haut perchée d’un café millénaire.
Une voix passée au filtre du temps qui passe, de plus en plus fondue dans un paysage sonore méticuleusement constitué
En seulement huit titres, le Québécois recense ses obsessions les plus tenaces, qui semblent aller des sixties baroques (Polnareff adouberait le single Un homme sans visage sur lequel souffle un Mellotron d’un autre âge) au Neil Young époque Cowgirl in the Sand (les grondements de la guitare électrique en introduction du Fou dans l’arbre ne trompent pas), avec une voix passée au filtre du temps qui passe, de plus en plus fondue dans un paysage sonore méticuleusement constitué.
De là à dire que Jonathan Personne est pris en flagrant délit de négation de toute forme d’expression musicale contemporaine ? L’époque a ça de bon : elle génère encore des contre-modèles ambitieux à l’usage d’une jeunesse en quête de sens, cet absolu que la frénésie des temps présents a laissé choir au bord de l’autoroute.
Jonathan Personne (Bonsound). Sorti depuis le 26 août.
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