En plus d’avoir épaulé le groupe pionnier du hard rock, le Michiganais était aussi poète, journaliste musical, militant… Il est décédé mardi 2 avril, à 82 ans.
Il était l’un des visages de la contre-culture de Détroit. John Sinclair est décédé d’une crise cardiaque dans la matinée du 2 avril, à 82 ans, deux semaines après avoir été pris en charge à l’hôpital de la ville – sa santé déclinait depuis quelques temps déjà.
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Journaliste, poète, manager
Quel fil tirer en premier lieu pour tenter de retracer le parcours du personnage ? Sans doute, d’abord, celui du journalisme musical. Dans les années 1960, John Sinclair co-éditait Guerilla – autoproclamé “journal de révolution culturelle” – et prêtait sa plume au média alternatif Fifth Estate, basé à Détroit.
Écrire, il le faisait pour la presse, mais pas seulement. John Sinclair était un poète. Le genre de type à se promener avec des feuilles polycopiées de ses textes dans la poche, prêt à les distribuer.
En parallèle, il avait l’habitude de traîner avec le groupe américain MC5 – dont il a fini par être manager, de 1967 à 1969. En deux ans, John Sinclair est parvenu à les faire signer chez Elektra Records et à les mener jusqu’à la Une de Rolling Stone, alors même qu’ils peinaient à se faire connaître. Il aurait même contribué à lancer la carrière d’Iggy Pop, lorsque le groupe de ce dernier – les Stooges – était encore à ses prémices.
Un certain goût pour la révolution
Voilà qui sous-tend tout son parcours, sa pensée, ses décisions : l’engagement militant, et un certain goût pour la révolution. John Sinclair n’a jamais été frileux à prendre position sur tel ou tel sujet de société, bien au contraire. En plein mouvement des droits civiques, il a pris part au White Panther Party – organisation-fille du Black Panthers Party –, laquelle visait à soutenir la lutte contre le racisme et les violences policières.
Pendant toute sa vie, il s’est également mobilisé pour la légalisation du cannabis dans le Michigan, État dont il était originaire. Ce qui lui a d’ailleurs valu un passage derrière les barreaux de deux ans, vers la fin de sa vingtaine – la faute à deux joints donnés à un policier en civil. Son arrestation avait fait naître un mouvement de soutien visant à le faire sortir de prison, “Free John Now”, auquel John Lennon, qui lui a consacré une chanson éponyme, avait même pris part. Une mobilisation qui s’était soldée par une victoire puisque la Cour suprême du Michigan l’avait finalement libéré sous caution.
“Notre culture est une culture révolutionnaire, une force révolutionnaire sur la planète, la graine du nouvel ordre qui fleurira avec la désintégration et l’effondrement des formes sociales et économiques obsolètes qui infestent actuellement la terre”, écrivait-il d’ailleurs en 1969, si justement.
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