Après un trou noir de quatorze ans, le retour d’un Anglais attachant qui n’a rien changé à ses habitudes.
A l’aube des années 1990, ce Liverpudlien aux initiales christiques nous fit croire à la réincarnation (des Beatles, et d’une farandole de délices des mêmes pâtisseries) avec un premier album, Shankly Gates, qui culmine toujours aussi haut dans nos cœurs. Quatre autres recueils non moins précieux se succédèrent jusqu’à Happy-Go-Unlucky, en 2002, dont le nom sonnait comme une triste prémonition.
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Foudroyé par un drame personnel, John Cunningham disparaît alors des radars pour ne plus exister que dans l’esprit de quelques fans, notamment français, qui ne se résoudront jamais à l’idée que son nom viennent rallonger la liste des Syd Barrett, Bill Fay ou Emitt Rhodes, que d’autres époques avaient engloutis. L’inespéré Fell aura finalement vu le jour grâce à une souscription initiée par les mêmes bienfaiteurs qui aidèrent récemment The Apartments, et il faut s’attendre à un choc sismique et nostalgique aussi puissant que lors du retour des Australiens.
Dès les premières notes martelées et enrubannées de cordes de Let Go of Those Dreams, dès l’apparition de cette voix juvénile inaltérée, on est immédiatement en confiance : rien ou presque n’a bougé, rien ne s’est affaissé chez un songwriter qui aurait mérité meilleur sort mais persiste à conserver sa candeur intacte. Attendons-nous ainsi à du classicisme chamber-pop de la plus haute tenue (Frozen in Time), à des ballades au piano parfois taquinées par un mellotron (Often a Ghost), à des merveilles en pagaille et même à une grande fresque quasiment traversée par des motifs à la Phil Glass (We Get So We Don’t Know), ce qui est plus surprenant et tout aussi jubilatoire. Le finale, somptueux, baptisé Flowers Will Grow on This Stony Ground, résume bien l’histoire de ce prodigieux retour.
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