Johan jouera son premier gros concert parisien vendredi 23 novembre prochain à l’occasion des Inrocks Festival. On l’avait rencontré juste avant l’été dans son atelier de peinture pour parler euphorie, mélancolie et Vangelis Perpiniadis. Les dernières places sont dispo juste ici.
Je te connaissais pour ta musique mais je ne savais pas que tu peignais. Quelle a été ta première passion ?
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Johan Papaconstantino – La peinture et la musique sont arrivées un peu en même temps dans ma vie. J’ai toujours dessiné, mais je n’avais pas trop de culture artistique. Gamin, je dessinais des mangas un peu comme tout le monde. J’ai fait un lycée d’arts appliqués à Marseille et c’est là-bas que j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire de l’art. Je faisais de la musique en même temps. Mon grand-père avait une guitare que j’empruntais pour jouer dans ma chambre. Avant ça, je prenais parfois les platines de mon daron pour mixer des trucs de funk ou de house. Il s’était chauffé quand il était jeune, je crois ! J’ai récupéré ses disques et ceux de mes grands-parents pour commencer à geeker la musique. Sans oublier eMule ! Je téléchargeais les discographies de plein de groupes.
J’ai aussi fait mes gammes : j’ai appris la batterie et je taffais la guitare dans ma chambre. J’ai commencé à faire des prods il y a trois ans seulement, c’est encore tout récent en fait. Je me suis pris au jeu de mes influences électroniques petit à petit. Faire de la prod, gérer des basses et des synthés : c’est un truc qui m’avait toujours attiré. J’ai encore plein de choses à apprendre. Avant, j’étais vraiment plus dans la musique acoustique et dans l’apprentissage. Ce qui m’intéressait, c’était de jouer avec mes mains.
A quel moment l’idée de produire de la musique de manière plus concrète a-t-elle pris forme ?
A partir de 2011 ou 2012, j’ai commencé à jouer avec mon groupe : La Tendre Emeute. On était basé à Paris. A cette époque je faisais pas mal d’aller-retours entre Marseille et la capitale pour ma copine, la musique, et la peinture. Je ne faisais pas vraiment d’expos, mais il y avait plus d’opportunités à paris. En ce moment, je commence à y faire des expos de manière plus régulière mais je ne sais pas si on peut dire que je suis vraiment installé ici. Je vis un peu entre les squats, les colocs et chez ma meuf. Entre la musique et la peinture je ne fais que taffer mais je kiffe trop Marseille et j’ai envie de faire plein de trucs là-bas. J’y retourne dès que je peux.
Depuis quelques mois, il y a une petite excitation autour de tes morceaux dans le petit milieu de la musique à Paris. Comment tu vis le truc alors que ton projet est encore tout récent ?
C’est toujours plaisant quand les gens s’intéressent à ce que tu fais. Le premier son que j’ai publié c’est Pourquoi tu cries??. C’était en juillet 2017 et je ne l’ai pas fait pour que personne l’écoute. Je me disais qu’il y avait une vibe qui pouvait faire kiffer les gens. Ça me fait plaisir, c’est un début. Je taffe sur ma musique depuis pas mal d’années mais je n’avais mis en ligne que des essais sur Soundcloud, des trucs plus expérimentaux. Ça a pris du temps mais j’ai rencontré plein de gens et je commence à comprendre comment tout ça fonctionne. Mon objectif reste le même : continuer à faire des morceaux que je kiffe. A un moment, il fallait que je sois un peu entouré car c’est très difficile de mener mes deux projets en même temps. Entre la musique et la peinture, je ne veux pas choisir ni faire l’une des deux à moitié. Dans mon esprit, les deux univers sont complémentaires même si les réseaux et les publics restent très différents. Ce n’est vraiment pas évident de se concentrer sur les deux.
Surtout que tu mènes les deux projets sous le même nom.
Garder mon nom, ça veut dire que je suis obligé de tout assumer à 100%. Je ne peux pas me cacher derrière un perso. Quand je sors un morceau ou une toile, c’est moi. Ça met un peu la pression mais c’est un bon moteur. Pour l’instant, il n’y a pas un enjeu de fou, hein ! Je commence. Je bosse ma musique sur mon ordi. Je n’ai pas de studio. Je vais parfois dans celui des potes quand j’ai besoin d’une prise ou d’un effet. Sinon je fais vraiment tout sur ordi.
Quand j’ai découvert tes morceaux, je me suis dit que c’était la première fois que j’écoutais de la musique de mariage écoutable en dehors d’un mariage.
Je vois un peu ce que tu veux dire (rires). Tu penses à un truc un peu world ?
Non, justement. Je n’ai jamais trop compris cette catégorie d’ailleurs.
Je me pose beaucoup de questions sur ce mot car faire de la « musique du monde », c’est assez ouf d’un côté. Le message est cool. Je kiffe le délire universel. C’est vrai que c’est souvent le foutoir pour ranger tout ce qui n’est pas européen. Il y a clairement une vibe orientale et festive dans ce que je fais. Je ne fais pas exprès… Aujourd’hui, je n’écoute pratiquement que du rap. Mais j’ai écouté beaucoup de musiques grecques, forcément. Et puis plein de choses différentes. Je viens d’une génération qui ne s’est jamais posé la question de faire la différence entre le rock, le funk, la house ou le rap.
Parmi tous les genres que tu as cités, il n’y en a aucun qui se distingue vraiment quand on écoute tes morceaux. Ça te tenait à cœur de proposer quelque chose d’aussi original ?
Les gens qui connaissent bien la musique grecque pourront certainement cramer quelques influences. Un mec qui s’appelle Vangelis Perpiniadis par exemple ou Panos Gavalas. Des chanteurs des années 70. Il y a quelques références mais ce que je fais reste très différent. Ils m’influencent surtout dans le chant et dans leur mélancolie. D’ailleurs ça rejoint pas mal de phases du rap d’aujourd’hui je trouve. Pour moi, ça forme une sorte de boucle. Je pourrais peut-être rapper un jour d’ailleurs, pourquoi pas.
Tu as prévu de sortir un nouvel EP avant la fin de l’année ?
J’espère pouvoir le sortir avant fin 2018 oui. J’ai aussi quelques dates qui arrivent dans plusieurs festivals cet été. Il y a un petit engouement, c’est cool. Maintenant, il faut que je gère bien ce que j’ai envie de faire pour la suite et surtout ne rien faire à contre-cœur.
Concert Le 23 novembre prochain à La Gaîté Lyrique dans le cadre des Inrocks Festival. Les dernières places juste ici.
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