La voix de My Morning Jacket livre un second volume de reprises. De haute volée et toujours aussi inspiré.
En 2001, la disparition de George Harrison ne provoque pas la même onde de choc que celle de Lennon vingt ans plus tôt. L’éternel troisième homme des Beatles est mort dans son lit, trop tôt mais pas suffisamment pour embraser les cœurs, ni trop violemment pour les transpercer à vif. Chez Jim James, en revanche, l’émotion est si intense que le leader des Américains de My Morning Jacket se déleste en quelques jours d’une demi-douzaine de reprises de Harrison, enregistrées sans effets ni apparats, mais qu’il mettra huit ans à imprimer sur un ep baptisé Tribute to, signé Yim Yames.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un hommage à ses héros
Depuis 2009, James n’a pas cessé de sortir des albums, avec son groupe, en solo (Eternally Even, 2016) ou avec ses potes M. Ward et Conor Oberst sous le nom présomptueux de Monsters Of Folk. Il n’a pas renoncé non plus à rendre hommage à ses héros, comme en témoigne ce Tribute to, deuxième du nom, qui balaie beaucoup plus large que son aîné et dévoile des sources d’inspiration tentaculaires.
D’emblée, la barre est placée le plus haut possible avec une version foudroyante de I Wasn’t Made for These Times des Beach Boys, ornée de cordes soul inspirées par les productions early seventies de Isaac Hayes. Derrière cette cathédrale de sensualité, les dix autres titres sont condamnés à rester dans l’ombre, qu’ils appartiennent à de prestigieux songbooks (Dylan, Presley) ou à des répertoires d’illustres inconnus (Diane Izzo), voire à des discographies évitables (Emerson, Lake & Palmer).
Renonçant aux promesses fastueuses du départ, Jim James revient d’ailleurs vite à ses habitudes modestes, accompagnant sa voix à la guitare ou au piano histoire de laisser les chansons déployer leurs arômes naturels. Ce n’est pas sur Baby Don’t Go (Sonny & Cher) ou Funny How Time Slips Away (Willie Nelson), trop proches sans doute de son ADN, qu’il se distingue le mieux, mais au contraire lorsqu’il joue par trois fois avec le répertoire du jazz light des années 1930. Il reprend ainsi dans une version fantasque le Midnight, The Stars and You de Ray Noble et Al Bowlly (rendu célèbre par Shining), y ajoute Love Is the Sweetest Thing des deux mêmes, terminant ce cycle au charme désuet par Blue Skies de Irving Berlin’s. Dans un registre voisin, sa version pleine d’imperfections d’un joyau tardif de la grande Abbey Lincoln (The World Is Falling down) palpite d’une humanité qui contribue à rendre ce petit disque indispensable.
Tribute to 2 est disponible sur Apple Music.
{"type":"Banniere-Basse"}