Jesu, le trio originaire de Birmingham et mené par Justin Broadrick, est à l’honneur cette semaine à l’occasion de la sortie de son deuxième album, Conqueror. A découvrir en MP3 et en écoute.
Jesu revient : la blague est facile, mais avouez qu’elle tombe rudement bien. Après un premier album éponyme paru en 2005, mélange audacieux de métal, d’ambiant et de rock noisy, le trio originaire de Birmingham mené par le vétéran Justin Broadrick vient tout juste de publier Conqueror, un deuxième album qui éclaircit un peu son propos et rend sa musique un bonne fois pour toutes indispensable.
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L’histoire de Jesu est indissociable de celle de Justin Broadrick, véritable légende anglaise des musiques déviantes. Un type dont le curriculum vitae fiche quelques beaux frissons (et en fera fuir quelques-uns également, tant pis pour eux). C’est en effet au sein d’un des combos les plus violents n’ayant jamais existé, Napalm Death, que ce musicien a fait ses débuts. En 1987, à l’âge de 15 ans, il participe en tant que guitariste au monument Scum, premier album du groupe et acte de naissance du grindcore, ce courant musical situé aux extrémités du hardcore. L’histoire commence donc très fort.
Miné par des relations désastreuses au sein du groupe, Justin se fait la malle rapidement et rejoint l’éphémère Head of David avant de s’investir dans ce qui reste son fait d’arme le plus marquant, le groupe Godflesh. Aussi bien attiré par les répétitions hypnotiques du krautrock que par le heavy metal de Black Sabbath, Justin y développe des sonorités étouffantes, qui rapprochent son groupe de la vague de musique industrielle qui prospera à la fin des années 80.
En plus de dix ans de carrière et presque autant d’albums, ce duo, devenu trio par la suite, ouvrit la voie pour des groupes comme Nine Inch Nails ou donna de nombreuses idées aux drogués de Ministry. Parallèlement à ses sombres activités au sein de Godflesh, l’intarissable Justin a trouvé le temps de s’immiscer dans le monde des musiques électroniques en montant différents projets.
Comme à son habitude, ce musicien intransigeant n’a pas cédé à la facilité et que ce soit au sein de Ice ou de Techno Animal, deux projets initiés avec son acolyte écrivain et musicien Kevin Martin, c’est plutôt vers les terres arides d’un dub expérimental et sérieusement agité du bocal qu’il se dirige. Avec Final, son seul véritable projet solo à ce jour, c’est l’abstraction la plus complète, de longs drones crées à partir d’une guitare trafiquée, qui tente le musicien.
Mais c’est finalement au sein de l’étrangement pop Jesu, trio monté avec Ted Parsons et Diarmuid Dalton, que Justin fait la somme de toutes ses expérimentations passées. En effet, l’écoute de ses deux albums, Jesu et le petit nouveau Conqueror ? auxquels on ne manquera pas d’ajouter le maxi Silver sorti en 2006 -, résume assez bien l’esprit de ce musicien assagi mais toujours aussi pertinent.
Des bribes de métal à la façon d’Isis – la section rythmique, d’une puissance sourde ? des emprunts à My Bloody Valentine ? ces guitares brumeuses et ces synthés trafiquées ? et des regards appuyés vers la pop céleste de Sigur Ros : la formule Jesu, si elle rappelle par moments quelques belles pages de l’histoire musicale actuelle, n’en est pas moins un parfait condensé de toutes ces musiques hypnotiques.
Avant de retrouver le groupe sur scène en France ? aucune date n’est encore prévue ? lesinrocks.com vous propose de télécharger au format MP3 le titre Old Year et d’écouter au format Real Audio le morceau titre de l’album, Conqueror.
– www.avalancheinc.co.uk/jesu.html
– www.hydrahead.com
Avec l’aimable autorisation de PIAS
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