Malgré sa voix unique, la Britannique propose un troisième album poussif et hésitant.
Soudain, au téléphone, le ton se fait hésitant. On a quitté le terrain de la musique pour s’aventurer sur celui du harcèlement et des agressions sexuelles à l’encontre des femmes. “Toutes les femmes sont confrontées à une forme ou une autre de sexisme, avance Jessie Ware, moi, par exemple, j’ai l’impression que je dois m’excuser à chaque mail, à chaque demande, comme si j’étais ‘trop’ exigeante. Je pense que c’est quelque chose que beaucoup de femmes connaissent.”
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Lorsqu’elle est tombée enceinte, Jessie Ware, 33 ans, a eu peur de devoir choisir entre vie privée et vie publique. C’est tout l’inverse qui s’est produit : sa grossesse puis la naissance de son premier enfant lui ont offert la source d’inspiration nécessaire à son troisième album. Elle l’a baptisé Glasshouse, “la serre”, en raison de “la fragilité, de la brillance et de la force” de cette structure.
Un grand écart, parfois risqué
On lui demande s’il n’y avait pas surtout un lien avec le ventre maternel. “Je n’y ai pas pensé mais oui, absolument, merci ! C’est une belle métaphore. Je voulais donner un peu plus de ma personne sur cet album”, répond-t-elle. Jessie Ware n’a pas peur de dévoiler son intimité, de parler de son mari Sam avec qui elle partage son quotidien depuis quinze ans, de leurs difficultés, de son enfant qu’elle compte bien emmener sur sa tournée en 2018.
Comme ses prédécesseurs, Glasshouse repose sur l’émotion transmise par sa voix saisissante de justesse et de puissance, qui flirte avec le cheesy mainstream comme avec le r’n’b indé soft, à l’image de cet album entre Whitney Houston (qu’elle vénère) et Solange ou Blood Orange (avec qui elle a déjà collaboré).
Jessie Ware pratique le grand écart, ce qui est toujours intriguant mais un peu risqué. Si certains morceaux comme FirstTime ou Selfish Love (coucou Sade) trouvent leur équilibre, d’autres s’aventurent bien trop dangereusement du côté chantilly british du game (Alone, pourtant sacré tube de l’album). C’est sûrement ce qui arrive lorsque l’on se dit “amoureuse de Jennifer Lopez” et fan de Frank Ocean. Même si notre adolescence fut elle aussi marquée par Jenny from the Block, on aurait tendance à lui conseiller de faire pencher sa balance de l’autre côté.
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