Avec ce cinquième album résonnant d’un folk habité et féministe, la Californienne n’est pas loin de la perfection.
Elle qui aimait retourner près du Pacifique, dans sa natale Californie, pour donner naissance à ses disques, est restée en Angleterre, quittant Manchester où elle vit désormais pour le Bristol de John Parish. Des chœurs tribaux et des rythmiques lancinantes, des mélodies débarrassées de toute fioriture inutile… Très vite, on reconnaît dans Stonechild la patte du fidèle collaborateur de PJ Harvey : il a fouillé, désossé, trouvé la substantifique moelle de ces onze démonstrations folk intimistes.
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“Le patriarcat est un poison”
“C’est l’un des êtres humains les plus gentils et distingués que j’ai pu rencontrer, affirme Jesca Hoop. Mais l’enregistrement n’a pas toujours été facile. Parfois, je devais descendre faire un tour dans le parking pour me calmer, tant j’appréhendais ce qu’il allait faire. Or, sa priorité était de servir la chanson, et le fait qu’il la laisse souvent nue était la preuve qu’elle tenait seule. Etant une femme dans un domaine dominé par les hommes, j’ai apprécié que John ne fasse pas preuve du chauvinisme masculin que j’ai vécu maintes fois.”
D’ailleurs, adepte de longue date de chœurs féminins, Jesca Hoop n’a invité que des artistes du même sexe à intervenir sur Stonechild, de Lucius à Kate Stables. Les morceaux All Time Low, Red White and Black, Free of the Feeling et Old Fear of Father évoquent tous le joug patriarcal dont doit se dégager la société.
“Le patriarcat est un poison, commente-t-elle. C’est l’oppression originelle et la base de toutes les souffrances. Je vote pour sa dissolution. Si l’homme et la femme se partagent le pouvoir à parts égales, alors le monde sera enfin équilibré.” Pour Jesca Hoop, le fait même d’interpréter ses propres morceaux, de partager ses sentiments, est “une affirmation féministe”. Et aussi une belle prise de parole artistique, car elle a rarement aussi bien chanté.
Sans tomber dans le pathos, elle travaille ici la corde émotionnelle avec des titres comme Death Row ou Foot Fall to the Path – “Goodbye moon, goodbye sun”, y scande-t-elle. “Au moment de l’enregistrement, les fondements de ma vie étaient remis en question et je craignais l’avenir. Malgré un esprit et un corps très perturbés, j’ai dû lâcher prise.” Cette autre forme de liberté irradie Stonechild, et en fait la plus belle œuvre à ce jour de Jesca Hoop – sans doute parce qu’elle est la moins apprêtée de toutes.
Stonechild (Memphis Industries/PIAS)
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