En Californie, le duo amoureux Jenny & Johnny fait
sa fête à la pop et assemble des colliers de tubes en or.
En France, on verrait bien un couple baptisé Jennifer et Johnny faire la tournée des campings, enchaîner les reprises de Sardou et Cloclo dans des soirées merguez, devant des piscines tièdes et à moitié vides. En Californie, Jenny et Johnny, aperçus il y a quelques semaines sur scène à Paris en première partie de Vampire Weekend, ont tout simplement la grosse classe.
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Couple à la ville comme à la scène, les deux Américains affichent chacun un beau CV. Actrice, Jenny Lewis est aussi chanteuse au sein du sympathique groupe Rilo Kiley. Musicien, Johnathan Rice a déjà publié une poignée d’albums solo. Les deux se sont rencontrés par l’intermédiaire de Conor Oberst de Bright Eyes – la belle bande de copains. La paire a participé à l’album d’Elvis Costello Momofuku. “On n’avait jamais vu quelqu’un travailler aussi rapidement, avoir autant d’idées d’écriture à la minute. Elvis revenait chaque jour avec une brochette de chansons écrites la veille dans sa chambre d’hôtel.”
Fort de cette première expérience commune, le duo publie aujourd’hui un premier album au fort pouvoir rafraîchissant. Et rédige au passage un nouveau chapitre d’indierock californien, assurant, avant même qu’on ait eu le temps de s’en lasser, la relève de Bethany Cosentino et de son groupe luminothérapeutique Best Coast. Sur I’m Having Fun Now, il est ainsi beaucoup question de soleil, d’amour et… de serpents. “On habite dans le quartier de Laurel Canyon, sur les hauteurs de Los Angeles. Pendant l’été, ça grouille de serpents à sonnette : impossible de faire un pas sans en croiser un. Et on a trouvé que c’était une bonne métaphore pour les freaks qui pullulent à Los Angeles. C’est un thème qui revient tout au long de l’album.”
Courtes et faciles, les chansons de Jenny & Johnny sont aussi lumineuses et parfaitement écrites, faisant convoler refrains irrésistibles (Scissor Runner) et mélodies imparables (Big Wave), évoquant souvent les travaux de Teenage Fanclub pour cet art du romantisme cool (Animal), cette mélancolie laid-back (New York Cartoon). Conséquence, sans doute, d’un enregistrement déroulé dans des conditions optimales, entre la Californie et le Nebraska. “On écoutait beaucoup Deerhunter, Leonard Cohen, The Replacements. On buvait du vin français et on mangeait des burritos.”
Aussi, on le demande sans exagérer le moins du monde : qui, au royaume des détendus, peut aujourd’hui écrire une pop-song plus efficace que My Pet Snakes ? Aucun magasin de fripes vintage, aucune balade en Ford Mustang, aucun apéro sur la plage de Santa Monica ne pourra atteindre ce niveau de coolitude en trois minutes et quarante secondes. “Je ne crois pas que le paradis est perdu, je le dis tout en croisant les doigts”, y chante Jenny Lewis. Bonne année 2011 à tous.
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