Toujours intrépide, nonchalant et fragile, Jeffrey Lewis sort un nouveau disque avec son groupe The Voltage, avec lequel il tourne depuis quatre ans.
Une seconde. Voilà tout ce qui lui suffit pour éblouir. Dès ses premiers mots, Jeffrey Lewis apparaît plus que jamais fidèle à lui-même : cabotin, délicatement mélancolique, branleur à sa façon, intrépide et profondément new-yorkais.
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Hymnes cabossés
Son nouvel album, Bad Wiring, a beau avoir été enregistré à Nashville, aux côtés du producteur Roger Moutenot (Yo La Tengo, Sleater-Kinney), c’est bien le son de l’anti-folk du Lower East Side, où ses hippies de parents lui ont donné naissance en 1975, que l’on entend sur ces mélodies déchiquetées, découlant directement des rues crades de Big Apple.
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De ces riffs débauchés et hérités du blues à ce songwriting nonchalant, en passant par ses réflexions acides, tout ici rappelle à quel point New York est un monument historique, un vaste refuge pour les adeptes des hymnes chaotiques, presque cabossés, un lieu où chacun puise par instants un peu de son inspiration, de David Berman à Will Oldham, d’Adam Green à Ben Gibbard.
Et ces noms ne constituent pas une simple coquetterie : tous ont affirmé leur passion pour Jeffrey Lewis et sa dégaine d’éternel souillon, pour cette désinvolture sophistiquée, ces récits qui parlent autant de chiens errants (Dogs of My Neighborhood) que de dépression (le sautillant Depression! Despair!), et cette façon de rendre chacune de ses chansons si glorieusement intenses, nécessaires.
Fidèle à ses habitudes
Reste que si l’esprit new-yorkais occupe une place essentielle au cœur du disque, Bad Wiring ne constitue pas une suite de Manhattan. Fidèle à ses habitudes, l’Américain a d’ailleurs enregistré ces douze chansons aux côtés d’un groupe – The Voltage, avec qui il tourne depuis quatre ans –, tandis que My Girlfriend Doesn’t Worry ou In Certain Orders peuvent être entendus comme des variations autour du même thème : New York, sa scène artistique, son esprit bohème fantasmé.
Ce sont des morceaux qui documentent les aléas de la vie banale, la mélancolie des passions inachevées et la désillusion nihiliste d’un artiste jamais aussi bon que lorsqu’il se laisse aller à l’humour absurde et aux chansons fragiles, privées de l’armada technologique.
“Bad Wiring” (Moshi Moshi Records/Bigwax)
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