Dans son nouvel album, le guitariste de Tortoise rend hommage à sa mère, entre fusion et transmission.
Derrière chaque homme de talent, il n’y a pas qu’une femme, comme l’assène le proverbe machiste bien connu : il y a plutôt une mère. Avec Suite for Max Brown, Jeff Parker fait honneur à la figure maternelle qui a enfanté l’un des ténors de l’avant-garde jazz de sa génération.
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Après l’acclamé The New Breed (2016), voici une nouvelle démonstration prouvant que la maîtrise des instruments va bien souvent de pair avec l’idée d’incarner les nouvelles ères musicales.
Guitariste de Tortoise et membre du Chicago Underground Quartet
Jeff Parker a 52 ans. Les quinquagénaires opèrent souvent un retour aux sources quand la moitié de leur vie est passée, regardant déjà dans le rétroviseur. Mais le Californien ne sombre pas dans le sentimentalisme, et c’est ce qui rend ce disque aussi touchant. Pas question de successions de ballades, de se contenter de reprendre les titres favoris de la maman, de faire des odes…
Suite for Max Brown est un enchevêtrement osé d’aventures électroniques (Metamorphoses), de batteries hip-hop off-beat (le superbe Gnarciss), de racines africaines (Go Away), et même de classicisme mélodique (3 for L).
Guitariste de Tortoise et membre du Chicago Underground Quartet, il a entamé une carrière solo en forme d’affaire de famille. Au sens propre, avec cet hommage et la participation de sa chanteuse de fille aux deux derniers enregistrements, et au sens figuré, s’entourant d’amis musiciens fidèles : le trompettiste Rob Mazurek, le batteur Jay Bellerose et une kyrielle de musiciens courtisés.
Tout de même, pour être à l’avant-garde, il faut connaître l’histoire que l’on veut conter. Jeff Parker livre ainsi une superbe version d’After the Rain de John Coltrane, qu’il choisit d’honorer non pas avec la déférence qui hante les reprises de John Scofield, mais plutôt en tentant d’imaginer ce que le légendaire saxophoniste aurait fait de son standard s’il était encore en vie : une masse mouvante de cymbales, d’arpèges de synthétiseurs, hors des carcans. Un hommage, certes, mais inattendu, jamais dans la facilité, et totalement à l’image de ce fascinant nouvel album.
Suite for Max Brown International Anthem/Bigwax
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