Dans la famille Hanson, Jeff est à coup sûr le souffreteux, l’éphèbe efféminé qui se prenait des béquilles, des brûlures indiennes. Il aurait pu se venger en martelant un hardcore bilieux : sa frustration a choisi une expression diamétralement opposée. C’est avec délicatesse et méticulosité (embruns de cordes, symphonies déviées à la John Cale), d’une […]
Dans la famille Hanson, Jeff est à coup sûr le souffreteux, l’éphèbe efféminé qui se prenait des béquilles, des brûlures indiennes. Il aurait pu se venger en martelant un hardcore bilieux : sa frustration a choisi une expression diamétralement opposée. C’est avec délicatesse et méticulosité (embruns de cordes, symphonies déviées à la John Cale), d’une voix asexuée et proche, que le jeune Américain susurre ses nouvelles désabusées. Quand sa voix se fait plus mâle, il évoque Syd Matters ou Elliott Smith un jour de Solutricine, mariant avec la même grâce l’éclat d’une pop d’obédience sixties avec des arrangements ombrageux.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Quand sa voix se laisse agripper par sanglots et falsetto, on pense à Linda Perhacs ou Vashti Bunyan, ces grandes élégantes d’un folk où les fleurs n’avaient jamais renoncé aux épines. Dans les deux cas, homme ou femme, il est bouleversant de proximité. Avec son précédent groupe, m.I.J., à l’emocore à fleur de peau, il enregistrait sur le label Caulfield, sans doute en hommage au personnage de Salinger, ado ultime ? pourvu que sa crise d’adolescence à lui, tout en spleen et euphorie, ne finisse jamais.
{"type":"Banniere-Basse"}