Organisé par l’INA-GRM et dédié aux cultures électroniques, le festival INASOUND se déroulera les 20 et 21 avril à Paris, dans le cadre somptueux du palais Brongniart. Parrain de cette première édition, Jean-Michel Jarre nous présente le programme de ces deux jours prometteurs.
Initialement prévu en décembre puis reporté, le festival INASOUND se tiendra finalement ce week-end. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce projet ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Jean-Michel Jarre – On pourrait se dire d’emblée : “Pourquoi créer un festival de plus aujourd’hui, alors qu’il y en a déjà des dizaines d’autres ?” Je crois que celui-ci a vraiment une légitimité. L’INA abrite en son sein le GRM. Pendant des années, il y a eu une ambiguïté historique dans cette entité, une sorte de gêne ou d’ignorance vis-à-vis du GRM, qui explique qu’on a peu entendu parler de Pierre Schaeffer (créateur du GRM, mais aussi chercheur, compositeur et théoricien – ndlr). J’ai été l’un des rares musiciens à parler de lui, en France et à l’étranger, parce que je trouvais injuste qu’il y ait un tel silence autour de celui qui a fondé les musiques électroniques ou électro-acoustiques. Je me suis battu pour le GRM ne soit pas fermé – je me souviens avoir dit que le GRM n’était pas un problème, mais une solution. La nouvelle équipe de l’INA a tout à fait compris cela quand on s’est rencontrés : on est tous d’accord sur le fait que le GRM a été le point de départ de la musique électronique.
Pierre Schaeffer n’est pas seulement l’inventeur de la musique concrète, dont je suis un enfant et dont les DJ sont les petits-enfants, mais il est aussi à l’origine du GRM, ce creuset pour la recherche et pour les cultures électroniques. L’INA-GRM a donc toute la légitimité pour faire un festival consacré à l’electro et j’ai beaucoup milité pour qu’il puisse se concrétiser, en participant à la direction artistique. L’équipe a une vraie volonté d’ouvrir la fenêtre du GRM, notamment en continuant à développer les plug-ins “GRM tools”. Le festival INASOUND est l’occasion de célébrer les cultures électroniques et leurs racines européennes, en soulignant la légitimité des pionniers français, mais aussi d’ouvrir les portes de l’INA à de jeunes créateurs qui peuvent détourner, remixer le patrimoine. Trouver les nouveaux Banksy audiovisuels !
Quelles sont les caractéristiques de cette première édition ?
Comme toutes les premières éditions, c’est un projet en développement et on a l’ambition de le pousser beaucoup plus loin dans les éditions suivantes. Je suis heureux qu’on ait une programmation avec des artistes déjà établis (Arnaud Rebotini, Erol Alkan, Matt Black de Coldcut, Jean-Benoît Dunckel de Air, Maud Geffray de Scratch Massive, The Supermen Lovers…), des révélations (Sara Zinger, Roscius…), et qu’on convie aussi d’autres domaines comme la mode, le fooding, des projections en puisant dans les archives de l’INA, des ateliers pour enfants… Je tenais beaucoup à inviter des artistes à faire des détournements en live (notamment lors du “Hackathon”, où des artistes composeront sur place la musique d’une vidéo extraite des archives de l’INA – ndlr).
En quoi consisteront les performances prévues à l’Acousmonium ?
L’Acousmonium vient de l’époque où le GRM commençait à défricher le son. On est ici en multi mono, et non en stéréo. La stéréo crée artificiellement une notion d’espace. En réalité, dans la nature, on s’exprime en mono et on entend en stéréo parce qu’on a deux oreilles et que l’espace autour crée l’effet “surround”. Le multi mono a beaucoup plus de sens, c’est beaucoup plus naturel. L’Acousmonium est un système de hauts parleurs qui recréent une sorte d’espace où on peut placer des sons, tout comme on pourrait placer le son d’un instrument dans un orchestre symphonique. C’est très intéressant, très beau et ça a une valeur inestimable, d’autant plus que la technologie électronique ne s’est pas du tout penchée sur l’esthétique, alors que l’esthétique induit beaucoup de choses. A cause de la forme d’une guitare ou d’un violon, on développe une relation sensuelle avec les instruments. Stradivarius gardait chaque violon un mois dans sa chambre à coucher, mais on n’aurait pas vraiment envie de faire pareil avec un synthé ! L’Acousmonium est un des rares exemples dans l’histoires des musiques électroniques à s’être penché sur l’esthétique. C’est aussi spectaculaire visuellement qu’acoustiquement. Pendant le festival, des artistes comme Molécule, Black Zone Myth Chant, Plaid, Jonathan Fitoussi, NSDOS, ou encore Domotic s’y produiront.
INASOUND, les 20 et 21 avril à Paris (Palais Brongniart)
http://inasound.fr/fr
{"type":"Banniere-Basse"}