Parce que son nouvel album s’intitule Grand lièvre, on avait pensé poser un lapin à Jean-Louis Murat. On est poli, on ne l’a pas fait. Mais parce que le disque célèbre la nature, c’est au musée de la Chasse et de la Nature à Paris que l’on part retrouver celui que l’étiquette de « chanteur auvergnat » […]
Parce que son nouvel album s’intitule Grand lièvre, on avait pensé poser un lapin à Jean-Louis Murat. On est poli, on ne l’a pas fait. Mais parce que le disque célèbre la nature, c’est au musée de la Chasse et de la Nature à Paris que l’on part retrouver celui que l’étiquette de « chanteur auvergnat » désespère aujourd’hui. « Ils pourraient trouver des choses plus malignes quand même, c’est leur métier. » Heureusement, au musée de la Chasse, le chanteur d’Auvergne est content.
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« Y a du mouflon, c’est bien. Je suis pas chasseur, mais ça m’intéresse. En revanche, j’ai entendu que les femmes s’y mettaient. Si les filles se mettent à tuer des lapins, on est mal. »
Outre le mouflon, il y a, dans les salles du musée, du sanglier naturalisé, des têtes de cerfs, des tigres, de la panthère, des fusils en pagaille et une série de tableaux représentant des lièvres. « Quand j’étais petit, mon grand-père forestier avait trouvé un petit lièvre, qu’il avait mis dans une cage à lapin. Je passais mes journées à le regarder. Puis il s’est suicidé en s’assommant contre les parois. Ça m’a beaucoup marqué, petit garçon, cette bête qui ne supportait pas d’être dans une cage. Alors que d’autres animaux auraient pris ça à la coule. »
« Une chanson, ça prend vingt minutes, sinon change de métier »
Murat n’est pas du genre à aimer les cages. Pas celle de la chanson française, qui ne l’intéresse pas. « A part Camille, c’est mauvais… Vous voulez que je vous dise que Benjamin Biolay c’est bien ? Benjamin Biolay, c’est bien. Voilà. » Ni celle de l’industrie du disque qui, en enchaînant les restructurations, ralentit les sorties d’albums.
« C’est pour ça que j’ai mis deux ans à sortir ce disque. C’est une éternité. J’essaie d’écrire une chanson par jour. Je ne vois pas pourquoi faudrait des années pour enregistrer douze chansons. C’est une funeste blague, une légende créée par les sous-doués. Une chanson, ça prend vingt minutes, sinon change de métier ou va faire un tour. »
On arrive devant l’ours polaire du musée : le chanteur du département 63 est ravi. « Ça, c’est beau. Ils nous les brisent avec les ours des Pyrénées, mais c’est rien, c’est des roquets, des nounours de Poméranie. »
« La guitare électrique, c’est un instrument de droite »
Grand lièvre a été enregistré avec deux complices de Murat (Fred Jimenez et Stéphane Reynaud) aux studios La Fabrique. Situé à Saint-Rémy-de-Provence, le bâtiment abrite la collection d’Armand Panigel, qui réunit deux cent mille vinyles de musique classique. « On a enregistré au milieu de tout ça. J’étais dans le coin Ravel et Tchaïkovski, c’était fantastique. » Sept semi-remorques de vinyles autour de lui et douze cordes à sa guitare : sur Grand lièvre, Murat privilégie l’ampleur, les arrangements langoureux. « La guitare électrique, c’est un instrument de droite. La 12-cordes, ça laisse plus de place, ce serait plus à gauche. »
Parce qu’on a survécu aux cinquante fusils et à l’ours polaire, on lui demande alors s’il est resté en contact avec la première dame de France, avec qui il avait partagé un duo (Ce que tu désires).
« J’ai des nouvelles indirectes. Je l’ai toujours défendue, elle est assez sensationnelle comme nana. Elle a le sens de l’humour et ça court pas les rues. Après, ce qu’elle fait, je m’en fous. »
On laisse les lapins et les chasseurs derrière nous, et Murat promet de revenir vite, « avec les enfants ». Avant de s’excuser : « C’est casse-gueule la promo, pour moi. On sent toute mon absence d’éducation quand je parle. Je suis décousu, un peu primitif. Un Bourboulien. » Mais non, lapin.
Johanna Seban
album Grand lièvre (Polydor/Universal) en concert le 10 novembre à Paris (Trianon)
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