On ne peut plus arrêter JD Beauvallet dans sa quête de la Vérité musicale. Vingt-sixième livraison de ses réponses à vos questions dans Music:Response.
Quelles sont les 5 B.O. de films que tu apporterais sur une île déserte
Celle de Ghost Dog, justement. Ainsi que Casino Royale (Burt Bacharach), India Song (Carlos d’Alessio), Shaft (Isaac Hayes), Vertigo (Herrmann), Au Service Secret de Sa Majesté (John Barry), Ascenseur pour l’Echafaud (Miles Davis), tous les films de Burton par Danny Elfman, les BO de Tati, Il était une Fois dans l’Ouest, Il était une fois en Amérique et Le Bon, La Brute et le Truand de Morricone (etc etc etc.). Ça fait plus que cinq ? Quand on aime, on ne compte pas.
Vous allez me mépriser… Mais voilà, j’aimerais savoir qui sont les Buggles, dont je viens de réaliser l’influence sur Daft Punk ou Air et dont la pochette d’album est bien avare en explications…
Non, aucun mépris, les Buggles ont marqué la pop-music, à leur petite façon tordue. Le groupe était la créature diabolique d’un producteur alors inconnu, Trevor Horn, qui allait ensuite faire fortune et beaucoup de bruit en produisant Frankie Goes To Hollywood pour son propre label ZTT, qui lancera également Art Of Noise ou Propaganda. Trevor Horn a aussi produit Marc Almond, Yes ou Grace Jones. Juste avant les Buggles, il avait joué dans le groupe Camera Club, avec un autre grand producteur en devenir : Thomas Dolby (Prefab Sprout). L’un et l’autre n’ont pas vraiment survécu aux années 80.
Cher JD, Je n’en peux plus d’attendre un éventuel prochain album de Plone… Que me conseilles-tu pour patienter ?
Quelques propositions pour chill-outer sans devenir nécessairement un légume : le récent maxi Stops de Max De Wardener sur le label d’Herbert, Accidental. Ou le très beau disque du Canadien Mantler sur le label allemand Tomlab, il s’appelle Sadisfaction. Ou encore et toujours le dernier album de The Silver Mt Zion Memorial Orchestra & Tra-La-La Band, Born into trouble as the sparks fly upward, chez Chronowax. Ou la très apaisante compilation du label Melodic, A Room Full Of Tuneful (distribuée par La Baleine). Ou l’album des Français de M83, qui ressort prochainement chez Labels. Ou, surtout, No Sleep ’til Hammersmith de Motörhead.
Que devient la délicieuse Emiliana Torrini ?
Les dernières nouvelles discographiques de la belle italo-islandaise sont récentes et viennent de Washington DC : elle a prêté sa voix à deux titres du nouvel album des Américains de Thievery Corporation, sur leur prochain The Richest Man In Babylon, qui sort le 17 septembre. Emiliana fait merveille dans ce psychédélisme confortable, snob et enfumé.
Bonjour! J’ai ouï dire que The Vines pourraient participer au festival des Inrocks 2002… Qu’en est-il ?
Malheureusement, les Vines font partie de la flopée de groupes surexcités que nous avions contactés pour l’édition 2002 du festival Orange/Inrockuptibles mais qui ont préféré rester travailler sur leur nouvel album ou tourner aux Etats-Unis. C’est également le cas des Yeah Yeah Yeahs ou des Bellrays. Mais la très longue affiche de cette quinzième édition, pleine de surprises, devrait largement faire oublier leurs absences.
Comment on fait pour avoir du succès avec les filles ?
On s’achète un masque Beigbeder. On travaille aux Inrockuptibles. On les paie. On leur parle de Jane Austen ou des s’urs Brontë. On leur récupère un backstage-pass pour un concert de Bowie. On est Bowie. On arrête de chouiner dans sa chambrette en écoutant des pirates des Smiths. On arrête de parler du FC Metz. On jure ne jamais avoir adressé la parole à Benoît Sabatier. On passe moins de temps sur le Net.
Salut JD ,quel album me conseillerais-tu de Randy Newman ?
Ouh, la, question brutale et injuste : comment ne garder qu’un disque du génialement cynique et mélodique Randy ? Bon, OK, j’obtempère : sur mon île déserte, parmi les 20 000 albums nécessaires à ma survie, j’emporterai (en priorité) Creates Something New Under The Sun, mais aussi 12 Songs et Sail Away.
Cher JD, que devient ce gros frimeur de Mick Jones des Big Audio Dynamite ?
D’après la rumeur, Mick Jones aurait volontiers accepté, l’an dernier, l’invraisemblable chèque offert par un tourneur américain pour monter une tournée de Clash, plus de quinze ans après la séparation du groupe. Mais Joe Strummer ne tenait pas du tout à remuer ces histoires anciennes et la tournée est tombée à l’eau (de boudin). Mick Jones s’est récemment porté candidat pour produire les jeunes et impétueux londoniens de The Libertines. Leur album, effectivement produit par l’ancien Clash et Big Audio Dynamite, sortira fin octobre, quelques jours avant leur venue à Paris dans le cadre du festival Orange/Inrockuptibles, pour une soirée entièrement consacrée à leur label, Rough Trade. Il sera sans doute de la fête.
Cher JD, le prochain Elliott Smith, c’est pas trop dur de l’attendre, de l’attendre…
Si, mais je crains que ça ne soit encore plus dur pour lui. Les dernières nouvelles étaient assez alarmantes : Elliott Smith serait retombé gravement dans la dope, aurait eu un album fini refusé par sa maison de disques et serait, virtuellement, sans label actuellement. Prions pour que cette rumeur soit fausse. En attendant, on peut se rabattre sur un songwriter américain assez proche (ne lui manque que le génie, qu’il a remplacé par du talent) : Bill Ricchini.
Sais-tu si la BO de Ghost Dog par RZA, la vraie, pas la musique inspirée, sortira un jour en France ?
A priori, cette véritable BO, qui n’a effectivement rien à voir avec le disque sorti alors en France (musiques inspirées par Ghost Dog) ne sortira jamais en France. Elle n’existe à ma connaissance qu’en onéreux import japonais. Mais pour une telle merveille, on n’a pas le droit de mégoter. Cet import japonais s’appelle Music From The Motion Picture Ghost Dog, The Way Of The Samurai by The RZA. Les seize titres sont signés par RZA, l’architecte sonique du groupe new-yorkais Wu-Tang Clan, que l’on retrouve au grand complet sur trois titres : deux versions de Fast Shadow, et Wu-World Order, qui n’a pas été utilisé dans le film.
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