Chaque semaine, le candidat Jean-Daniel Beauvallet répond aux questions des électeurs. Cette semaine, il part à la pêche à la voix du côté de Tahiti, Canterbury et Anvers.
Saluté, j’ai découvert un groupe méconnu, Acetone (pourtant signé chez le prestigieux label Hut) et je voudrais savoir si tu connaissais et si tu pouvais m’en dire plus !
Acetone a eu, à plusieurs reprises, l’occasion d’être chroniqué dans Les Inrockuptibles. La première fois, c’était sous la plume de Stéphane Deschamps en 1993, pour leur album de psychédélisme paisible, Cindy. Nous avions ensuite également chroniqué l’excellent mini-album de reprises I Guess I would l’année suivante, puis If You Only Knew en 96. Le groupe était né sur les cendre d’un groupe de rock assez basique, Spinout, mais n’a jamais renié son obsession pour un certain rock rural des sixties, reprenant avec classe aussi bien les Flying Burrito Brothers que Kris Kristofferson.
Les deux derniers albums du groupe ne sont pas sortis chez Hut mais sur le petit label américain Vapor, après que le groupe ait été remercié par sa maison-mère américaine, Vernon Yard. Il s’agissait de Acetone, en 97, puis York Bvd, en 2000. Le groupe s’est séparé peu de temps après.
Les dernières nouvelles d’Acetone remontent à l’été 2001 et au suicide de leur bassiste Richie Lee. Depuis, leur guitariste et leader Mark Lightcap a été repéré plusieurs fois aux côtés des électroniciens de Matmos, le duo de San Francisco qui accompagne actuellement Björk en tournée. Il a également joué avec les trop méconnus Radar Bros, un groupe de psychédélisme lent pour lequel on vendrait sa famille.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Que signifient les petits sigles p et c, entourés d’un cercle, qui apparaissent au dos des CD ?
Le « p indique qui est le propriétaire de l’enregistrement, du master. C’est en principe la maison de disques qui sort le disque. Le « c’ est le signe international prouvant que le copyright est protégé. L’éditeur musical (celui qui gère les droits d’auteur de l’artiste) met généralement son nom à côté de ce symbole, afin de collecter les royalties.
Pour des compilations thématiques, la règle est plus floue : le p & c sont généralement là pour indiquer qui est le propriétaire du concept (plus que de son contenu).
En 97, on avait accusé the Verve d’avoir utilisé un sample des Stones sur leur Bittersweet Symphony. De quel morceau s’agit-il ? Je connais bien uvres des Stones et n’entend pas ce soit disant sample).
On avait fait plus qu’accuser The Verve d’avoir volé ce sample : le groupe de Richard Ashcroft avait dû rétrocéder toutes les royalties engrangées par le morceau Bittersweet Symphony au propriétaire du copyright de la chanson, l’ancien manager des Stones, Andrew Loog Oldham. Il s’agissait en fait d’une version orchestrée et instrumentale de The Last Time, une chanson signée Jagger/Richards, qui était sortie sur la compilation Andrew Oldham Orchestral Stones Hits. Ce disque avait été commercialisé dans les sixties par le label Decca. La version chantée de The Last Time avait été en 65 l’un des tous premiers hits décrochés par la paire Richards/Jagger en tant que songwriters.
Bonjour M. JDB, pouvez-vous m’expliquer personne en France ne s’attarde sur les excellents Anversois de Vive La Fête Y a t-il une justice dans ce bas monde ?
Nous avons fait ce que nous pouvions au moment de la sortie de leur merveilleux et étrange album Attaque Surprise. Le groupe bilingue et mixte, composé de l’ancien Deus Danny Mommens et de sa complice Els Pynoo nous avaient même offert, à l’occasion de la sortie de notre double compilation Une Eté 2000 un titre : l’haletant Elle est là. Nous avions, à cette époque, chroniqué le premier album du groupe, Attaque Surprise. Depuis, plus de nouvelles du groupe, qui manque un peu. Sinon, pour en revenir à votre question, il n’y a bien sûr aucune justice dans ce monde. Et encore moins pour les Flamands.
Que devient Tahiti 80, (honteusement ignoré en France) à quand le deuxième album ?
Tahiti est actuellement en train de terminer son second album dans une belle et paisible maison de bord de mer en Normandie. Cette villa, légendaire pour avoir servi de décor à l’enfance puis à l’adolescence de trois stars de la musique et des médias français, a pour l’occasion été transformée en studio mobile. C’est une nouvelle fois l’Américain Andy Chase, du groupe Ivy, qui se charge de la production. La super bonne nouvelle, c’est que le bassiste Pedro Resende tient toujours la basse et le cordon des vannes. Ce deuxième album est presque terminé, même si la sortie n’est pas prévue avant l’été.
Existe-t-il un album du groupe de pop électronique The Normal ?
The Normal n’a sorti qu’un seul et unique single, TVOD/Warm Leatherette. Ça n’a pas empêché le groupe de devenir une référence absolue en matière d’électro-pop, car il a ouvert la voie à tous ses disciples des années 80, dont Depeche Mode ou Soft Cell. Sorti en 78, ce single (sa face B surtout) a depuis été repris par des gens aussi divers que Grace Jones ou les Chicks On Speed. Le leader du groupe, Daniel Miller avait sorti ce single sur son label naissant : Mute, qu’il dirige encore. Ce single est la première référence du label, qui accueillera ensuite Depeche Mode, Nick Cave ou Moby Miller a également sorti à la fin des seventies un disque sous le nom de Silicon Teens, où il reprenait au synthé sautillant des classiques du rock.
Impossible de mettre la main sur le coffret de Baby Bird chroniqué voilà deux semaines dans les Inrocks… Où peut-on le dénicher ?
Cet élégant coffret, comprenant trois mini-CD’s et vingt-quatre morceaux instrumentaux composés et joués pour servir un jour de BO, a été sorti en Angleterre par le petit label Easy Tiger. Il s’appele Stephen Jones 1985-2001 et je pense qu’il est distribué en France par la structure Poplane
. Pour l’obtenir directement à la source, on peut consulter le site. www.baby-zip@virgin.net
Peux-tu me conseiller un ou plusieurs albums de Tom Rush Merci.
Du grand Tom Rush, je conseillerais surtout le magnifique The Circle Game de 1969, où il reprend Joni Mitchell, James Taylor ou Jackson Browne. Curieusement, le morceau le plus connu de ce disque, l’envoûtant No Regrets (repris notamment par les Walker Brothers), est l’un des deux seuls composés par le dandy Rush.
J’ai également un petit faible (notamment en raison de sa pochette, sublime en vinyle) pour le disque Blues, songs & ballads, collection de reprises de chansons traditionnelles enregistrée en 66. Là aussi, Tom Rush ne livre qu’une seule de ses compositions : Duncan & Brady.
Comment se procurer l’album culte Smile des Beach Boys ?
Smile, qui n’a jamais été terminé par Brian Wilson, demeure l’une des arlésiennes les plus fascinantes du rock. On en connaît quelques chansons, dispatchées ici et là, certaines uniquement sur des pirates.
Le meilleur témoignage de ce fascinant chantier s’appelle Smile et a été sorti en CD par le label Red Robin Records. Il reprend ce qui aurait dû être la pochette du disque et les douze morceaux achevés. Bref, il faut chercher ici dans le malhonnête.
Combien de disques a sorti le groupe Heldon ?
Le groupe de Richard Pinhas a sorti sept albums entre 74 et 78. Plutôt influencé, à ses débuts, par l’axe Fripp/Eno/Canterbury, le groupe a été assez royalement ignoré dans sa France natale et giscardienne, mais est resté un objet de culte aux Etats-Unis, au Japon ou en Allemagne. Sa discographie a été rééditée en CD par le label Cuneiform. On conseille particulièrement Un Rêve Sans Conséquence Spéciale.
{"type":"Banniere-Basse"}