Grâce à Jean-Daniel Beauvallet, le Festival des Inrocks ne s’arrête jamais vraiment. Réponses à quelques-unes de vos questions, dans lesquelles on en apprend plus sur les ascendants du bonhomme comme sur ses habitudes culinaires.
Pourquoi est-ce que parfois, les versions des morceaux que vous présentez sur les CD Inrocks sont différentes que celles commercialisées ensuite sur l’album ?
La raison est simple : comme souvent, ces morceaux sont offerts par les groupes en avant-première, ils ne sont pas encore masterisés, parfois mêmes encore en chantier. Mais avec nos petits pouvoirs spéciaux, nous réussissons à convaincre les groupes d’offrir leur musique à nos lecteurs dans l’état d’avancement où elle se trouve. Certains groupes, comme Noir Désir il y a quelques années ou Daho l’an passé, finissent en hâte un morceau pour répondre présent à notre invitation. C’est chic. Bref, on leur donne une surcharge de travail supplémentaire pour le simple plaisir de satisfaire nos ego de collectionneurs maniaques. C’est moins chic. Et s’ils refusent, nous les menaçons de publier des photos de jeunesse ou leur adresse personnelle, de diffuser chez Lenoir leurs premières maquettes ou de dire du mal du prochain disque. C’est un abus de pouvoir scandaleux. Nous en sommes très fiers.
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Quel album(s) de Curtis Mayfield me conseilles tu ? Même question pour Sly & The Family Stone ?
Je t’envie, vraiment, de découvrir aujourd’hui, vierge et mystérieux, le fantastique There’s A Riot Going’ On de Sly & The Family Stone, qui contient l’une de mes chansons préférées de tous les temps : Runnin’ Away. Pour moi, c’est le chef d’ uvre de ce grand absent que reste Sly Stone. Mais beaucoup de gens, y compris des amis dignes de confiance, lui préfèrent l’album Stand, son « classique officiel », sur lequel on retrouve les géniaux Stand!, Don’t Call Me Nigger, Whitey ou Everyday People.
Pour Curtis Mayfield, je conseille avec insistance le célèbre Superfly (1972), notamment dans sa réédition luxe en CD, mais aussi et surtout le génial Curtis (1970), une merveille à pochette méchamment classe qui contient des increvables comme Miss Black America ou Move On Up, récemment repris par les Canadiens futés de Bran Van 3000.
Pour les apprentis DJ’s, signalons que le label Curtom vient de ressortir cette merveille absolue en maxi vinyle, avec Superfly sur l’autre face : votre surboum de Noël va assurer grave.
Ma vie est un drame depuis que JF Coen a disparu. Tu sais quelque chose ?
Son nouveau label, Naïve, nous donne de rassurantes nouvelles de Jean-François Coen : il vient de terminer l’enregistrement de son nouvel album, qu’il est actuellement en train de mixer. Même si le printemps 2002 semble la date la plus raisonnable, aucun planning de sortie pour l’instant.
Ben moi j’ai bien aimé The Music au Festival des Inrocks, alors leur album, c’est pour quand ?
Rassure-toi, c’est une maladie assez française que de détester par principe un groupe précédé d’une rumeur anglaise. Je me souviens notamment du mépris honteux avec lequel des groupes comme les Happy Mondays, les Stone Roses ou même Oasis ont été reçus de prime abord par les instances officielles du rock de France. Je pense sincèrement que The Music va non seulement être un groupe énorme ? ça, c’est une évidence, un acquis ? mais aussi un jour un groupe important. Car pour avoir vu les Stone Roses à leurs tous débuts, des années avant le premier album, je peux confirmer que Ian Brown, Mani, John Squire et Reni étaient à l’époque très en dessous de The Music aujourd’hui. J’ai eu l’occasion, cette année, de voir The Music quatre fois sur scène et l’aura et la puissance du groupe me sidère à chaque fois. La voix de Rob Harvey est à elle seule un mystère de fragilité et de violence et la guitare psychédélique de Adam Nutter est l’une des plus brillantes et indomptées que j’ai entendues depuis des années. Le groupe est encore très vert et ses chansons ressemblent parfois à des jams instrumentales sans queue ni têtes. Mais quand ces quatre teignes tiennent une chanson comme Take the long road & walk it ou You might as well try to fuck me, ils deviennent alors proprement irrésistibles.
Leur album, qu’ils n’ont pas encore commencé d’enregistrer, sortira vraisemblablement en 2002, quand il y aura assez de chansons. Et qu’on ne croit pas que ce groupe, que je défends becs et ongles dans ces pages depuis leur 2e concert (le printemps dernier), soit une lubie de ma part : depuis, les rangs des supporters se sont considérablement étoffés, du NME à The Face, qui vient de consacrer quatre pages au groupe ! Le chaînon manquant entre Led Zeppelin et les Stone Roses : ça va barder. Le groupe sera d’ailleurs en tournée en France prochainement, avec un autre des meilleurs nouveaux groupes du Nord anglais : les Liverpudliens de The Coral. Dans 20 ans, on remplira Bercy avec ceux qui affirmeront avoir vu ces concerts (comme on pourrait remplir le stade de France avec les menteurs qui jurent avoir vu, à Paris, le légendaire concert Happy Bloody Valentine).
Pour l’instant, The Music n’a sorti que deux singles : Take the long road & walk it, sorti par le label Fierce Panda et épuisé le jour même de sa sortie. Depuis, le groupe a signé avec Hut (Smashing Pumpkins, Auteurs, Placebo, Verve) et a sorti un autre maxi : You might as well try to fuck me.
Je voudrais savoir Jean-Daniel, si tu es parent avec Jean Daniel du Nouvel Obs ?
Oui, j’ai commencé, à 2 ans comme standardiste au journal de papa, puis je suis monté en grade à chaque anniversaire. A 13 ans, j’étais donc déjà rédacteur en chef du Nouvel Obs, sans le poindre piston paternel. Ou alors je me trompe, mon père, c’est un autre JD. JD Salinger. Je me pose des questions parfois. Puisqu’on parle du Nouvel Obs, je vous encourage à envoyer une pétition à ce magazine, afin qu’on y retrouve plus souvent la plume savante et généreuse de Bernard Loupias, beaucoup trop rare. J’en parlerai à papa
Qu’est-ce qu’on bouffe ce soir ?
Je commencerais volontiers par une coquille Saint-Jacques marinée dans l’huile d’olive et la citronnelle, puis légèrement panée, servie sur un peu de poitrine de porc blanchie et arrosée de vinaigre balsamique, avec quelques haricots verts tièdes au gingembre. Ensuite, je me préparerai une tajine de gambas et lotte, avec de la semoule généreusement saupoudrée de cannelle. Je servirais avec ça un Chinon blanc très frais. Et pour le dessert, je me contenterais d’un peu de pana cota aux myrtilles. Ou sinon, on peut aller chez Flunch.
Que deviennent les ex-Boo Radleys ?
Les Boo Radleys se sont séparés sans haine et sans violence en février 1999. Le seul dont on ait eu des nouvelles discographiques est Martin Carr, qui a sorti quelques disques gentiment pop et naïvement psychédéliques sous le nom de Brave Captain, sur le très bon label anglais Wichita. On peut se procurer les singles The Fingertip Saint Sessions Vol.I ou Better Living Through Reckless Experimentation. Il existe aussi un album : Go with yourself. De la musique est également disponible en chargement sur le site Bravecaptain
Je me souviens d’un clip de New Order dans lequel deux types se foutaient des baffes en rythme. Impossible de me rappeler le titre du morceau. Peux-tu m’aider ?
C’était l’inoubliable clip absurde de True Faith, sur une chorégraphie signée Philippe Découflé. Toutes les vidéos de New Order ont été compilées en DVD. On navigue entre le sublime (The Perfect Kiss) et le grotesque navrant voire atterrant (volontaire).
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