Le rock français a une nouvelle bonne raison
de bomber le torse et de s’exporter, grâce au premier
album jouisseur et explosif du groupe parisien
Jamaica, produit de façon démente par un Justice. Rencontre et écoute intégrale.
Jamaica, c’est d’abord l’histoire d’une cool renaissance. Celle de Poney Poney, le groupe d’Antoine Hilaire et Florent Lyonnet, repéré depuis plusieurs années dans l’underground parisien – voire un peu plus. Un beau jour, la nouvelle tombe sur Facebook, Twitter et compagnie. Poney Poney, c’est fini, le groupe a décidé de changer de nom et de se rebaptiser Jamaica. Et pas pour une simple histoire de dreads. “On évoluait sans cesse depuis nos débuts, on ne savait pas comment gérer ça. Alors on a pris cette décision radicale. On a un peu serré les fesses au début, surtout au moment de changer les noms des sites internet. Et puis on s’est dit que ça allait être l’occasion de faire un best-of de tout ce qu’on avait toujours voulu faire”, explique Antoine Hilaire, sous le regard approbateur de son copain Flo.
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Pour effectuer ce noueux travail de maïeutique, Jamaica fraîchement composé va aller frapper à la porte d’un copain : Xavier de Rosnay, l’un des deux Justice, tout juste revenu de sa tournée mondiale. “On avait envie que quelqu’un mette le nez dans notre musique, façon producteur à l’américaine. Le choix de Xavier, qui est un ami de longue date, s’est presque imposé à nous. Il connaissait notre musique et il avait très envie d’aller mettre son nez dans le moteur”, reprend Antoine. Les trois larrons s’enferment alors en studio tout au long de l’année 2009, font quelques allers-retours dans celui de Philippe Zdar et finissent par mettre au point la formule qui va sous-tendre le premier album de Jamaica : une production ultraséquencée, mais dont la cohérence et la fougue tiennent les chansons en l’air avec une facilité désarmante, ouvrant les portes aux nombreuses influences du groupe (dans le désordre : Nirvana, Dire Straits, Beastie Boys, Pantera, Daft Punk, Todd Rundgren).
“Avec Xavier, nous avons passé des heures à couper et redécouper nos chansons dans tous les sens, pour les réassembler par la suite”, raconte Flo Lyonnet. Le trio reçoit ensuite l’aide du producteur Peter Franco – un des habitués des disques de Daft Punk – pour finir le travail. No Problem – c’est le nom (un peu provoc) de ce premier album – se révèle un objet ultramoderne, court et compact, la synthèse parfaite dont rêvaient Antoine et Florent. On y trouve quelques hits singles parés pour les FM du monde entier (vous l’aurez compris, comme leurs collègues de Justice, les type de Jamaica ont choisi l’option monde).
On pense à I Think I Like U2 et Short and Entertaining qui, respectivement clippés par So Me et Surface To Air, ont commencé à lancer le buzz Jamaica. On pourrait aussi songer à Cross the Fader, Gentleman ou Jericho qui, dans un genre pop différent (power pour le premier, californian pour le second, bubblegum pour le troisième), vous entrent dans le crâne à la vitesse d’un moustique qui aurait vu la lumière. On y trouve aussi un hommage à toute cette fascination de la pop blanche pour les musiques noires, de Clash à Police ; d’ailleurs les deux amis valident volontiers l’idée.
No Problem regorge ainsi de références à ce son eighties et métissé : on y croise de la basse lippue, de la guitare claire, de la batterie souple et costaude. “Nous voulions montrer que, malgré ce travail de production, nous étions aussi des instrumentistes. On n’a donc pas hésité à sortir les solos, à jouer le manche en avant”, plaisante Antoine. Plaisir d’offrir, mais aussi joie de recevoir : cette première latte de Jamaica est un moment jouissif pour l’auditeur ouvert aux carambolages – provoqués par MTV d’abord et iTunes par la suite.
On y croise des bouts de classique, des petits pans d’electro, des beats amis, des ritournelles à mettre le bras sur la portière, avec la tête qui bouge en rythme, façon Beavis et Butt-Head. Bref, de quoi être très très impatient de voir Jamaica continuer à pousser : au soleil de préférence.
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