Star de la bass music, Jam City improvise un virage pop et politique. Critique et écoute.
« Pas d’espoir, pas de futur – la guerre permanente aux périphéries.” C’est ainsi que s’ouvre la notice d’intention accompagnant le deuxième lp de Jack Latham. Elle positionne Dream a Garden comme un acte de résistance et d’utopie, et engage l’auditeur à se débarrasser de tout cynisme ou résignation. En interview, cet ancien étudiant en art dit attaquer le “réalisme capitaliste ambiant” et quitter l’espace d’expression limité de la dance music. C’est pourquoi il s’est détourné de la bass music futuriste et urbaine qui l’avait propulsé pour se jeter dans les limbes d’une chill-wave épanouie, tellement diffuse qu’on ne saurait identifier où se situent la rage et l’insatisfaction.
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A l’exception de quelques décharges électriques en ouverture et de titres explicites (Unhappy, Crisis, Damage), cet album tout en vapeurs prend la forme d’une ballade dégagée, alternant entre pauses pensives instrumentales et blues électronique mou, comme si Jai Paul s’était simultanément mis au shoegaze et engagé dans Occupy Wall Street. S’il se dit “conscient que (son) cri de protestation n’est pas assez fort”, l’apprenti protestsinger demeure une des rares propositions politisées du paysage indie, une démarche romantique qui fait de Dream a Garden un manifeste original, quoiqu’un peu décoratif.
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