Moins connu que les deux Pierre ? Schaeffer et Henry ? angulaires de la musique concrète, Francis Dhomont a pourtant joué un rôle actif dans l’édification de cette maison ouverte à tous les vents. Fasciné par les innombrables possibilités des nouvelles techniques d’enregistrement sonore, il s’est, dès la fin des années 40, détourné de l’écriture […]
Moins connu que les deux Pierre ? Schaeffer et Henry ? angulaires de la musique concrète, Francis Dhomont a pourtant joué un rôle actif dans l’édification de cette maison ouverte à tous les vents. Fasciné par les innombrables possibilités des nouvelles techniques d’enregistrement sonore, il s’est, dès la fin des années 40, détourné de l’écriture classique pour mieux s’a(ban)donner aux joies insolites de la trituration électroacoustique. De ces investigations résolument anticonformistes, Jalons, qui regroupe huit raretés s’échelonnant de 1990 à 2001, donne un aperçu remarquable, faisant accessoirement office de stimulante introduction au corpus pléthorique d’un bricoleur stakhanoviste, ennemi juré du déjà entendu.
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S’emparant de la pâte sonore qui constitue notre environnement quotidien, Dhomont s’ingénie à la remodeler de façon à conférer une résonance neuve aux bruits ? grincements, couinements, cris d’animaux ? les plus familiers et à rendre immédiatement perceptible tout ce que l’ordinaire peut avoir d’extra. En un geste très moderne, dont la tonifiante (im)pertinence est ici vérifiable sur Studio de nuit, il n’hésite pas à intégrer dans le corps même de sa musique les tâtonnements inhérents à tout processus créatif. D’humeur tantôt farceuse, tantôt sombre, Dhomont se promène dans la Forêt profonde ? titre d’une de ses pièces maîtresses ? des sons, guettant sans trêve le surgissement du bruit dans l’immensité du silence (et vice versa), et semant à tout-va des drôles de petits cailloux joujoux que le mélomane aux oreilles baladeuses prend grand plaisir à ramasser à sa suite.
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