Un studio photo. Murs blancs, rideaux noirs. Des accessoires un peu partout. Dominique A est à Paris, dans les locaux de sa maison de disques, pour le tournage du clip promotionnel qui accompagne la réédition de sa discographie. De son premier essai, rare et autoproduit, Un disque sourd, qui ressort collé à La Fossette, jusqu’à […]
Un studio photo. Murs blancs, rideaux noirs. Des accessoires un peu partout. Dominique A est à Paris, dans les locaux de sa maison de disques, pour le tournage du clip promotionnel qui accompagne la réédition de sa discographie. De son premier essai, rare et autoproduit, Un disque sourd, qui ressort collé à La Fossette, jusqu’à son dernier double album, La Musique/La Matière, c’est toute la discographie de A qu’on repropulse dans les bacs et qui s’étire joliment jusqu’à Z, bardée d’inédits, de demos, de premières versions, de reprises (Teenage Kicks des Undertones) ou de remixes. L’oeuvre est importante – il y aurait franchement de quoi se la rouler un peu – mais c’est toujours avec cette même émouvante humilité que nous accueille le chauve fondamental.
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L’idée du clip (signé Antoine Lamperière, auteur entre autres du Fantasy de Breakbot) est assez simple : Dominique A est posté sur une chaise de bar, et le monde tourne autour de lui, à toute vitesse. Votre ami journaliste a été sélectionné pour faire partie du monde, et l’interview – à bâtons rompus – sera donc filmée et intégrée – à toute vitesse puisque c’est le plan.
“J’aime bien l’idée de remettre les disques dans les bacs. Ces disques, c’est ma vie, j’assume tout. C’est bien de se dire que les vieux bidules ne sont pas égarés dans la nature, et aujourd’hui il faut tellement jouer des coudes pour être dans les bacs que je trouve que c’est une chance”, explique Dominique A.
Pendant la discussion, des gens vont et viennent, traversent le cadre. Le chanteur semble parfois un peu perdu. “Ça tourne là ou pas ?” Le réalisateur : “Fais comme si on n’était pas là.”
Dominique A se passe une main sur le crâne, et continue de dérouler son oeuvre dans le calme. Il revient sur La Fossette et Remué, qui lui ont valu son AAA de chanteur français : “On a toujours besoin d’armes supplémentaires. Ces deux disques, qui sont très opposés, me les ont apportées, à des degrés divers. Ce sont des disques de rock dans le sens où ils provoquent des réactions. On les aime ou on les déteste.” Il revient encore sur La Fossette : “J’aime bien son côté illuminé, un peu Bernadette Soubirous. On a l’impression que je suis allé à Lourdes et que ça a marché, il y a un truc un peu sacré, immaculé. Quand je vais voir ça écrit, je vais regretter ce que j’ai dit.”
Voilà c’est écrit, des regrets ? En attendant Dominique A interprétera La Fossette au Théâtre de la Ville, les 26 et 27 janvier. Il se dit “mélancolique”, pas “nostalgique”. La preuve, il enchaîne assez vite sur son album à venir. En cours d’élaboration à Bruxelles, il devrait s’appeler Vers les lueurs. “Ça parle vachement d’ampoules”, explique Dominique A avec un large sourire.
Deux types passent devant nous en tapant le bout de gras, la caméra tourne toujours. Le groupe est le même que celui qui l’accompagnait sur sa dernière tournée – et que Miossec lui a emprunté sur son dernier disque. Depuis, le Brestois a rendu son crew au Nantais. “Nous nous sommes parlés au téléphone, tout a été très clair entre nous.”
Autre projet, un livre. “Un petit bouquin qui va sortir chez Stock, un truc autobiographique, sur les lieux de l’enfance.” Il poursuit.
“L’écriture, ça fait longtemps que je tourne autour. En faisant ce petit livre, je me rends compte qu’il n’y a rien de plus ingrat. Mais c’est passionnant, c’est intense.”
Deux autres personnes coupent le cadre. L’interview touche à sa fin. On salue Dominique A, on le laisse sur sa chaise de bar. La caméra tourne toujours.
Pierre Siankowski
albums réédition de l’intégrale des disques de Dominique A (EMI/Cinq 7) concerts les 26 et 27 janvier au Théâtre de la Ville, Paris IVe
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