Le petit prodige Anglais de la pop qui fait gling-gling revient avec un album complexe, en forme de courageux contre-pied : Everything is New, et effectivement, tout est nouveau. A découvrir avec deux morceaux en écoute et un long entretien.
[attachment id=298]Il y a deux ans, Jack Penate avait quitté sa banlieue Sud de Londres et déballé un premier album de pop-songs épatantes, revisitant avec brio le songwriting des Housemartins. Lassé de la scène indie-rock anglaise et de ses guitares pédantes, le jeune homme a ensuite délaissé les clubs rock de la capitale britannique pour écouter beaucoup de musiques du monde.
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Résultat : il préfère aujourd’hui les rythmes aux mélodies faciles et livre un second disque dansant en diable. Everything is New, annonce-t-il dès le titre: c’est nouveau, c’est chaud, c’est beau.
Rencontre parisienne avec un songwriter futé, tombé dans la culture lorsqu’il était petit. Et écoute avec deux morceaux, Tonight’s the Day et Be the One -un player plus commercial mais bien fourni est également, pour les curieux, disponible à cette adresse.
Tonight’s Today
Be the One
Entretien
La dernière fois que l’on t’avait rencontré, c’était il y a presque deux ans lors du festival des Inrocks, ton disque venait de paraître. Que s’est-il passé depuis ?
Deux grosses années. On a tourné pendant longtemps et à la fin j’étais épuisé, un peu las. J’avais très envie d’arrêter et de commencer à réfléchir à la suite, à ce que pourrait être mon prochain album. Je me suis posé pas mal de questions, ce que j’allais faire, avec qui j’allais le faire etc. J’ai rencontré des gens, des producteurs. J’ai travaillé un peu avec Norman Cook mais ça n’a rien donné. Ensuite j’ai rencontré Paul Epworth (Bloc Party, Primal Scream, The Rapture…) et ça a collé. Je lui ai expliqué l’idée que j’avais en tête pour cet album. Je voulais un disque davantage fondé sur la batterie et la basse, moins axé sur les guitares. Un disque influencé par des rythmes différents, loin des standards qu’on entend toutes les semaines en Angleterre. En un jour nous avons enregistré Tonight’s Today. On est allés faire écouter le titre au label, ils ont été très enthousiastes. Un mois plus tard on a commencé l’enregistrement du disque en studio. On y a passé presque un an au final, avec pas mal d’interruptions.
Tu avais enregistré ton premier album dans les studios Mayfair, connus notamment pour avoir hébergé Radiohead au moment de Ok Computer. Dans quelles conditions s’est déroulé ce nouvel enregistrement ?
C’était très différent, presque l’inverse même. On a travaillé dans le studio personnel de Paul qui est tout petit et ne contient que l’essentiel. Il y a une batterie, une guitare, une basse, un clavier et un micro. C’est à Kensal Rise dans le West End londonien. Et l’enregistrement a été incroyable. C’est épatant de voir comme tu composes encore mieux quand tues un endroit modeste: tu es obligé de faire sortir ton talent en permanence dans ce genre d’endroit, car les moyens sont limités. On a du enregistrer plein de voix différentes nous-mêmes pour assurer les chœurs, créer même des personnages.
Le résultat laisse penser que tu as écouté pas mal de musiques du monde. C’est vrai ?
J’ai écouté beaucoup de musiques brésiliennes. Fela Kuti aussi. Des classiques disons. Et j’ai acheté des compiles d’Ethiopie, des compiles du Nigeria. Tout ce qui pouvait me faire découvrir des rythmes intéressants. L’idée c’était de découvrir des choses inédites, de m’inspirer de musiques qui n’avaient rien à voir avec la pop. C’est un peu caricatural mais ça fait des années qu’on n’a pas eu un musicien de mon âge qui a fait un disque inspiré par autre chose qu’Oasis en Angleterre…J’avais très clairement l’intention de faire n’importe quoi, pourvu que ce soit différent. Je voulais un album qui ne soit inscrit ni dans une époque ni dans une ville, un pays…Pas un autre disque sur Londres…
T’arrive-t-il de te sentir seul du coup? Tu te produis en solo, et tu ne te reconnais pas dans ce que font les autres autour de toi…
Au contraire j’adore être seul. Etre original, créer mon propre style, est ce qui me motive. Quelqu’un comme Zach Condon de Beirut me fascine, il a vraiment réussi à construire un son personnel, à créer quelque chose qui n’appartient qu’à lui. J’aimerais arriver à la même chose. Et donner envie aux jeunes ensuite d’aller écouter d’autres disques, de découvrir d’autres artistes que ce que leur propose le NME. Je ne cherche jamais à appartenir à un gang. Ca n’a jamais été le cas, et ça m’importe peu.
Comment expliques-tu cette singularité ?
C’est pas mal du à ma famille et à l’éducation que j’ai reçue. J’ai toujours été entouré d’artistes, cela m’a complètement désinhibé. J’ai grandi en allant régulièrement voir des ballets de danse moderne, des performances. Des choses assez extrêmes quand j’y repense, avec des gens qui se peignent le corps (rires). J’ai beaucoup fréquenté les galeries d’art contemporain, je m’intéressais à la sculpture. Tout ça a fini par faire partie de mon vocabulaire. Du coup j’ai toujours voulu découvrir de nouvelles choses, apprendre. Quand je découvre que je ne connais pas un genre ou un artiste, je deviens fou, j’ai besoin de tout apprendre sur l’artiste, de tout acheter.
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